Dans la nuit du 2 au 3 octobre 1988, des pluies phénoménales s’abattaient sur Nîmes. En quelques heures, la capitale gardoise était submergée : neuf personnes décédaient, 50 000 se retrouvaient sans toit. Depuis ces inondations meurtrières, la ville et la métropole se sont engagées dans une politique ambitieuse de prévention du risque inondation.
Située au fond d’une cuvette entourée de sept collines, la ville gallo-romaine est particulièrement exposée aux crues éclair et torrentielles, du fait notamment des cadereaux, ces fossés qui collectent les eaux de ruissellement de petits bassins-versants extrêmement réactifs et qui traversent la ville. « Sur le périmètre de l’actuel Programme d’action de prévention des inondations (PAPI 3, 2022/2028), une personne sur trois habite en zone inondable, soit plus de 90 000 habitants, Nîmes concentrant plus des 2/3 de cette population », rappelle la métropole.
Suivi en temps réel
Pour mieux anticiper les phénomènes de crues, Nîmes ville a créé son propre système de prévision des crues. Appelé Espada (Évaluation et Suivi des Précipitations en Agglomération pour Devancer l’Alerte), celui-ci combine des informations de pluie radar et les relevés de quelque 50 capteurs hydrométéorologiques. Il permet un suivi en temps réel de la situation météorologique et des écoulements des cadereaux.
Concrètement, l’ensemble des procédures d’alerte et de sauvegarde de la population sont compilées au niveau du poste de commandement municipal, intégré depuis fin 2023 au centre d’hypevision. « Le dispositif Espada permet d’anticiper les impacts sur le territoire et constitue une plus-value dans le cadre de la gestion de crise, explique la ville. Il nous permet d’alerter au plus tôt la population en cas de danger et de prendre les mesures nécessaires à sa sauvegarde, comme la fermeture de routes ou l’évacuation de certains bâtiments ». Au fil des ans, Nîmes n’a eu de cesse de faire évoluer cet outil en misant sur l’innovation technologique. La collectivité est aujourd’hui impliquée dans le projet « Hydr. IA », qui associe l’Unité de recherche HydroSciences de Montpellier et l’entreprise Synapse, et vise à développer des outils de prévision des crues s’appuyant sur l’intelligence artificielle (IA).
Dans le même temps, dans le cadre du dernier PAPI, piloté par la métropole, des travaux conséquents sont réalisés, tout particulièrement sur les cadereaux (augmentation des capacités des ouvrages, création de barrages, de bassins-carrières). Chaque année, depuis plus de douze ans, environ 12 M€, financés par l’État, la région, le conseil départemental et l’Europe sont ainsi investis pour accroître la résilience du territoire face aux crues majeures à venir.