La France n’est pas en mesure d’utiliser la totalité des fonds mis à sa disposition par l’Union européenne. Franck Verherbruggen, qui a consacré l’essentiel de sa carrière professionnelle à mobiliser des financements européens pour accompagner et développer les projets des territoires, nous explique pourquoi.
Franck VERHERBRUGGEN,
Consultant en politiques publiques
— L’innovation dans les territoires suppose des financements, pourtant réclamer des subventions européennes fait souvent peur aux collectivités. Pourquoi ?
Franck Verherbruggen : Au départ, ce n’est pas forcément la peur mais un immense déficit d’informations qui fait que les collectivités ne sollicitent pas les subventions européennes. Par ailleurs, j’ai constaté tout au long de ma carrière que les petites communes ne disposent pas de l’ingénierie nécessaire pour conduire un projet européen ou des ressources humaines pour candidater et déposer un dossier européen.
Quand ces deux premiers obstacles sont franchis, il reste à supporter les lourdeurs administratives des relais territoriaux français pour aller au bout de la démarche. In fine, la totalité de l’enveloppe allouée à la France n’est pas consommée, et sur ce qui est consommé, de nombreux grands territoires l’utilisent davantage pour des dépenses de fonctionnement des structures que pour des projets innovants.
— Vous dites donc que la France est incapable de dépenser le budget que l’Europe met à sa disposition ?
FV : Je n’irai pas jusque-là, car une bonne partie de cette enveloppe est consommée, mais pas de façon dynamique. J’entends par là qu’elle ne finance que trop de vrais projets innovants, utiles pour l’avenir et ayant un véritable impact auprès de la population.