Si la présidentielle se déroulait dimanche, 58 % des jeunes choisiraient de s’abstenir. C’est ce que révèle notre sondage réalisé par l’IFOP sur les intentions de vote des 18-30 ans.
À 6 mois du scrutin, cette perspective d’une jeunesse qui fait sécession est-elle inexorable ? Frédéric Dabi, directeur général de l’institut et auteur de « La Fracture », parue aux éditions Les Arènes en septembre, nous livre ses enseignements pour comprendre « cette génération 2021 » en rupture avec celles qui l’ont précédée.
— Selon le baromètre IFOP (octobre 2021), seulement 42 % des jeunes se disent prêts à aller voter. Au regard des 78 % de Français qui se sont déplacés aux urnes en 2017, peut-on déjà parler d’un « péril jeune »
Ce baromètre nous fournit une photographie de l’état de la jeunesse à six mois du scrutin présidentiel. Il n’est pas prédictif. Le cadre de l’élection va bouger : le choix des candidats n’est pas encore arrêté, le débat public non engagé. Mais le chiffre de 58% de jeunes prêts à s’abstenir est en soi effrayant. La différence est de 10 points avec le sondage réalisé en 2016 à la même époque. Cela démontre qu’on est en- tré dans un cycle d’abstention qui au terme de cinq ans de macronisme atteint un niveau sans précédent chez les 18-30 ans. À 87 %, ils ne sont pas déplacés aux urnes lors des régionales de juin 2021. Un plafond a été crevé. Le chiffre de 58 % peut apparaître en progrès, mais il concerne la présidentielle. Aujourd’hui le risque d’une abstention de masse des jeunes existe. Une abstention quasi homogène entre les différents âges et les catégories sociales de la jeunesse nous plaçant dans une situation inédite.