Le nombre de médecins chute depuis 2010. Le Conseil de l’ordre estime qu’en 2025 les généralistes qui exercent de façon régulière ne seront plus que 81 912. À ce constat, s’ajoute celui des inégalités territoriales.
La densité médicale varie fortement d’un territoire à un autre et, dans certaines zones, les difficultés d’accès aux soins sont criantes. Si les élus développent des stratégies pour attirer les médecins dans leur petite ville, ils ne sont pas toujours récompensés.
L’initiative de Bellegarde-en-Marche (Creuse), qui n’a plus de médecin généraliste depuis 2022, est d’autant plus intéressante.
Les maires des deux communes voisines, Bellegarde-en-Marche et Saint-Sylvain, se sontd’abord associés pour créer un syndicat intercommunal. En 2021-2022 un bâtiment intercommunal a été construit pour accueillir un centre de santé associatif, mais, fin 2022, aucun généraliste ne l’avait rejoint. C’est en contactant début 2023 deux associations qu’un projet original a pu voir le jour pour soigner les 392 habitants du village.
Des médecins de toute la France se relayant sur la commune
Sollicité, le collectif Médecins Solidaires, dont l’objectif est d’aider les communes rurales à lutter contre la désertification médicale, a immédiatement accepté d’installer un centre de santé associatif dans le bâtiment intercommunal.
Son modus operandi est le suivant : chaque semaine, deux médecins viennent de toute la France soigner les habitants des deux communes. Sur une année, 104 médecins vont se relayer. En mars 2023, l’ARS et la préfecture de la Creuse ont donné leurs autorisations d’ouverture du centre de santé de Médecins Solidaires, qui a ouvert le 19 juin.
Il a ainsi été opérationnel en sept mois, un délai encourageant. Quant à la question de l’accueil et du logement des médecins, elle a été prise en charge par l’association Bouge ton coq qui intervient dans les territoires ruraux.
Pour accueillir Médecins Solidaires, les deux villages ont dû ajouter un budget de 40 000 euros TTC pour acheter du mobilier de consultation spécifique et des outils informatiques. Les médecins seront accompagnés par une équipe salariée fixe : une coordinatrice, une assistance médicale et une infirmière Asalée, qui associe médecins généralistes et infirmières déléguées à la Santé publique pour former une équipe de soins primaires au service du patient.
Auparavant, 550 000 € HT ont été nécessaires pour la construction du bâtiment intercommunal, 33 000 € HT pour l’acquisition des mobiliers et matériels et 14 000 € par an de prise en charge des coûts de fonctionnement du bâtiment.C’est le deuxième centre de santé de ce type qui a ouvert dans la Creuse après celui d’Ajain.