Dans le département le plus pauvre de France, le besoin de l’aide alimentaire des habitants ne cesse d’augmenter. « Alors que de nombreuses familles sont déjà accompagnées par le département, la demande a évolué de manière significative avec le Covid, et l’aide apportée ne correspondait plus aux besoins, constate Magalie Thibault, vice-présidente du département, chargée des solidarités et de la santé. Nous voulions faire en sorte que les populations plus sujettes à des maladies telles que l’obésité et le diabète aient accès à une alimentation plus saine et plus durable ». L’appel à projets de l’État, Mieux manger pour tous, a permis de lancer une expérimentation au 1er trimestre 2024 avec la ville de Montreuil. Suivront Clichy-sous-Bois, Sevran et Villetaneuse.
Produits durables
Les publics cibles étaient déjà identifiés par le département : les étudiants du campus de Villetaneuse, les femmes enceintes, les personnes âgées menacées de dénutrition et les habitants des quartiers prioritaires. L’expérimentation touchera à terme 1 350 bénéficiaires et vient en complément des aides alimentaires déjà en place. « Portée avec Action contre la faim, elle doit nous servir à plaider au niveau de l’État que nous, acteurs publics, puissions penser à un dispositif pérenne qui touchera l’ensemble des publics dans le besoin. »
Pour inciter les familles à s’orienter vers du bio, l’aide de 50 euros par personne et par mois n’exclut pas la grande distribution que ces publics fréquentent déjà. Un bonus est mis en place : pour l’achat de produits durables et bio, les bénéficiaires peuvent recevoir jusqu’à 75 euros. « On sait combien il est difficile de faire la queue pour récupérer son colis alimentaire, c’est pourquoi nous défendons l’idée d’un transfert monétaire. Les familles ont une carte, elle est chargée tous les mois pour acheter des produits bio ou non, expose Magalie Thibault. Nous ne voulions pas faire d’injonction, nous voulons faire confiance aux personnes. »
Partenariat avec les villes et les associations
L’action comprend aussi un volet d’accompagnement mené par les associations locales. Les familles apprennent à cuisiner les produits bio et sont sensibilisées à la valeur nutritionnelle des légumes et à l’impact des aliments sur la santé. Ce dispositif résulte d’une coordination du département avec Action contre la faim, qui avait déjà mené une expérience de ce type à Montreuil, avec les associations du territoire et avec les villes.
« Dans nos services du département, dont l’une des premières compétences est la solidarité et le champ du social, ce type d’expérimentation doit amener à changer de regard sur ce qu’est l’aide alimentaire, à passer de la file d’attente qui fait honte aux personnes à un système de transfert monétaire, et aller plus loin pour permettre un accès à une alimentation saine aux personnes qui en sont aujourd’hui les plus éloignées. Nous devons chercher à faire évoluer nos services départementaux pour mettre en œuvre une solution pérenne. On peut réorienter nos moyens financiers dédiés vers une action et un service à la population encore meilleurs », conclut l’élue.