Dans l’Aude, la vigne souffre. La sécheresse est telle que des arrachages massifs la menacent. Pour l’agglomération du Grand Narbonne, une solution d’irrigation est apparue avec le traitement des eaux usées. La méthode, baptisée Irri-Alt’eau, a été mise en œuvre depuis la station d’épuration de Narbonne-Plage, avec le concours de l’INRAE tout proche, pour alimenter une partie du domaine de Pech Rouge à Gruissan. Un grand bassin récupère l’eau traitée, un plus petit, rempli de 40 m3 d’eau retraitée, est destiné aux viticulteurs. Charge à eux ensuite d’installer des canalisations pour amener cette eau jusqu’à leurs vignes. Cette solution permet d’irriguer 40 hectares, soit la moitié des vignes du domaine. Pour la partie Irri-Alt’eau de la station d’épuration, le Grand Narbonne a financé 500 000 €, pour les viticulteurs le coût est de l’ordre de 750 000 €.
On ne peut donc pas parler de rentabilité, mais, comme l’explique Michel Jammes, vice-président de l’agglomération du Grand Narbonne, chargé du grand cycle de l’eau, le maintien de la vigne dans cette région est à la fois social, elle y fut longtemps la première ressource, et économique, avec ses beaux domaines, ses caves coopératives, son vin. « Et sur le plan environnemental, si la vigne disparaît, les friches ne seront pas entretenues et les incendies seront plus invasifs, la vigne est un coupe-feu », poursuit l’élu. Le projet Aqua Domitia, qui devait amener l’eau du Bas-Rhône jusqu’à Barcelone, s’étant arrêté dans l’Hérault, « nous avons dû trouver une alternative, l’utilisation de l’eau issue du traitement des eaux usées en est une ». Seules les terres littorales sont concernées, l’État n’autorisant ce traitement qu’aux stations d’épuration qui rejettent dans la mer. Un projet de ce type est à l’étude pour Port Leucate.