De nombreuses villes en Europe cherchent à minimiser l’impact du tourisme de masse. La plateforme Airbnb est souvent prise pour cible. En effet, elle favorise l’afflux de touristes, entre en concurrence avec les professionnels de l’hôtellerie et contribue à la crise du logement en participant à la raréfaction de l’offre et à la montée de prix. La ville d’Amsterdam aux Pays-Bas ne se contente pas de viser Airbnb. Elle s’est attaquée à une autre plateforme qui fait moins de bruit, mais qui génère un nombre croissant de nuitées : HomeExchange, un des sites leaders de l’échange de maisons entre particuliers.
Cotée en bourse
Les modèles économiques des deux sites sont radicalement différents. Si avec Airbnb il s’agit de locations, HomeExchange n’implique aucune transaction financière si ce n’est une adhésion annuelle de 160 euros permettant d’accéder au service du site. Pour en bénéficier, il suffit de créer un compte, de décrire sa maison ou son appartement et d’indiquer les périodes de disponibilité pour bénéficier d’offres de destination en retour. Pas d’argent en jeu donc, mais chaque maison se voit affecter une valeur en points, les membres pouvant faire des échanges réciproques, ou non réciproques avec leurs points. Créée en 2011 sous le nom de GuestToGuest, ce qui n’était alors qu’une start-up dans le domaine de l’hébergement touristique est aujourd’hui cotée en bourse et connaît un essor rapide. Ses cofondateurs ont beau assurer qu’ils veillent à ne pas provoquer de sur-tourisme, la communauté ne compte pas moins de 160 000 utilisateurs dans 145 pays.
Permis d’échanger
La capitale hollandaise se méfie de l’ampleur que prend le système. Elle l’a classé dans la catégorie des locations touristiques sachant qu’environ 2 000 logements sont disponibles sur le site pour une ville qui compte 920 000 habitants. En 2023, 3 900 groupes ou familles sont venus visiter Amsterdam pour un total de 71 000 nuitées. Depuis le 1er mars, les personnes inscrivant leur logement sur la plateforme ont obligation de se déclarer en mairie. Elles doivent payer un permis à hauteur de 43 euros par an, signaler à la ville chaque fois qu’elles reçoivent des visiteurs (pas plus de quatre personnes sauf en cas de familles avec plus de deux enfants) et limiter à 30 jours dans l’année le prêt de leur habitation. La municipalité a aussi décidé d’interdire l’échange dès lors que le logement est une résidence secondaire. Elle a annoncé qu’à partir de 2025 elle procédera à des contrôles avec sanctions à l’appui pour les contrevenants.
En Écosse, Édimbourg a mis en place des mesures similaires face à une croissance exponentielle du tourisme. La ville prélève une licence annuelle tenant compte du nombre de couchages affichés sur la plateforme. Un mouvement qui pourrait faire tache d’huile.