Toujours plus étendu, toujours plus vert… En quelques années, la ville d’Amiens est passée d’un petit réseau de chaleur alimenté par chaudières à un vaste réseau alimenté par les énergies renouvelables et de récupération (EnR&R). Après les élections municipales de 2014, la ville choisit le tout nouveau statut de Société d’économie mixte à opération unique (SEMOP). Il apporte l’opportunité pour une collectivité de s’associer à un opérateur privé sans pour autant être majoritaire au capital, mais en ayant une minorité de blocage. Un système approprié pour accompagner des projets nécessitant de lourds investissements sur le long terme.
Tout change en 3 ans
« Nous n’avions pas les compétences nécessaires en interne pour gérer en régie, ni forcément les moyens des investissements », raconte Benoît Mercuzot, adjoint aux finances et à l’innovation en charge du dossier. L’équipe élue en 2014 souhaitait raccorder les deux réseaux existants et les étendre en faisant la part belle aux EnR&R. En 2017, après le lancement d’un appel d’avis à la concurrence, c’est Engie qui est retenue pour créer la SEMOP Amiens énergies. L’opérateur possède, comme le prévoit la loi, 51 % du capital, la ville 34 % et la Banque des territoires participe au tour de table avec 15 %. À partir de là, tout est allé vite. Dès la saison de chauffe 2019/2020, le réseau unique était effectif, permettant de raccorder de nouveaux usagers. La diversification des sources d’énergie est allée de pair et les EnR&R représentent aujourd’hui 64 % du mix énergétique. Le réseau est notamment constitué d’une unité de production de biogaz, d’une chaufferie biomasse, d’une centrale pompe à chaleur puisant les calories dans les eaux usées de sortie de la station d’épuration.
Nouvelle extension en cours
Amiens énergies a investi 90 millions d’euros dans ce projet, mais n’entend pas en rester là. Une nouvelle tranche de 45 millions a été engagée pour une extension qui permettra de servir le nouveau CHU au sud et d’autres immeubles et logements de la zone. Aux 50 kilomètres actuels du réseau, s’en ajouteront 25, l’ensemble couvrant l’équivalent de près de 27 000 logements et le tiers de la population amiénoise. Par ailleurs, un réseau de production de froid est en cours de création sur la ZAC Gare La Vallée utilisant la géothermie, un secteur en pleine mutation qui accueillera prochainement la cité administrative des services de l’État. L’objectif pour la ville est de parvenir à 70 % d’EnR&R pour la saison de chauffe 2025/2026. À terme, confie Benoît Mercuzot, « l’objectif ultime sera de parvenir à 100 %, mais il y a encore du travail ».