Et si la démocratie citoyenne se réinventait en Haute-Saône ? Les élus de la communauté de Lure ont fait le pari de donner un nouveau souffle à cette démarche. Isabelle Arnould, la présidente de cette intercommunalité de 23 communes et 20 000 habitants en zone rurale, l’avoue sans détour : « nous avons lancé une vaste concertation afin que les habitants retrouvent de la fierté à vivre ici ». À défaut de lieu ou de patrimoine emblématique, « Il y a ici tout ce qu’il faut en termes d’offres de services… ». Mais le territoire souffre d’une « démographie qui stagne » et « de villages-dortoirs », regrette l’élue. La communauté de communes a donc fait appel à la société lyonnaise Ygor qui se présente comme un « accélérateur d’engagement citoyen » pour créer une dynamique participative grâce à une démarche originale et des outils digitaux. Face aux constats d’une démocratie locale qui ne touche pas le parcours de vie des habitants, cette entreprise a décidé de renouveler les méthodes de participation citoyenne pour attirer le plus grand nombre et définir une identité de territoires au travers d’un slogan fédérateur : « Notre territoire, on le dessine, on le décide ». Elle a réussi à interpeller par ses outils colorés, festifs et vivants pour récolter la parole, et les lieux de passage des habitants ont été investis : arrêts de bus, sorties d’écoles… Des urnes ont été disséminées dans l’ensemble des commerces locaux et des affiches avec des QR Codes ont été posées dans l’espace public. Objectif : inciter les habitants à se rendre sur le site Internet de consultation avec des récompenses par tirage au sort pour favoriser l’engagement pérenne. Places de cinéma ou bons d’achat chez les commerces de proximité sont ainsi offerts.
RÉVÉLER LES LIGNES DE FORCE DU TERRITOIRE
D’ici la fin de l’année, les élus espèrent que ces agitateurs d’idées vont permettre de révéler des lignes de force du territoire, de trouver un slogan fédérateur et dessiner une nouvelle identité visuelle pour l’intercommunalité. D’ores et déjà, la démarche a rassemblé plusieurs milliers de personnes, le double des expériences classiques de consultation citoyenne. Isabelle Arnould souligne à quel point la démarche est innovante : « Les élus communautaires ont joué le jeu à fond. Ils ont accepté les 80 000 euros d’investissement de cette campagne. Dans le rural, on est surtout concentré sur les problèmes concrets du quotidien et on a du mal à imaginer qu’on puisse dépenser un peu d‘argent pour vendre son territoire ». Les premières grandes lignes du territoire se dessinent autour d’une idée : « la ville à la campagne », qui concilie services de proximité et espaces naturels. Face à la crise de vocation, les élus locaux bénéficient de futurs contributeurs citoyens pour l’avenir, et non plus de simples spectateurs.