Par Elsa AOUSTET
— Vous publiez pour la cinquième année consécutive une enquête avec l’AMF sur l’état d’esprit des maires. Quels en sont les principaux enseignements ?
Martial Foucault : D’abord, notons que cette étude a suscité un engouement particulier. 8 000 maires ont répondu, dont 6 000 à la totalité des 70 questions. Je retiens trois grands enseignements. Le premier porte sur la capacité d’agir des maires qui se sentent empêchés. Ils sont fatigués. Le deuxième questionne les conditions d’exercice des mandats et la nécessité de rénover le statut de l’élu, enfin le contexte d’insécurité reste présent.
— Qu’est-ce qui vous fait dire que les maires sont fatigués ?
M. F. : Nous arrivons à mi-mandat. C’est le moment du bilan. Beaucoup parlent de leur fatigue et de résignation. Ils ne sont pas en colère ou contestataires. Ils disent souffrir d’un manque de reconnaissance de l’État, et en particulier de l’exécutif. Ils se sentent mieux reconnus par leurs administrés, malgré la montée des incivilités. Les maires sont souvent interpellés sur des sujets qui n’entrent pas dans leurs champs de compétences. Il existe alors une difficulté à agir ou à décider de ne pas le faire. S’ils décident d’agir, les maires doivent être entourés de ressources suffisantes afin d’apporter une réponse réelle. Dans les communes de moins de 3 500 habitants, c’est plus compliqué, par manque de moyens. Entre 3 500 et 10 000 habitants, il s’agit plutôt d’une impuissance du maire, car ces marges de manoeuvre sont restreintes, notamment par l’État. Les maires attendent un geste pour desserrer cet étau.