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Le pronostic vital serait-il engagé ? Avec 4,1 millions de personnes mal-logées, 2,5 millions en attente d’un logement social, 5,2 millions de passoires thermiques1, une explosion des loyers du parc privé et une hausse des taux d’intérêt interdisant à de nombreux ménages l’accès à la propriété, le logement en France apparaît en grande souffrance. Sa guérison impose la reprise du dialogue avec les acteurs du terrain et de répondre à la première des urgences : renouer avec une politique de construction. Mais à quel prix ?
DIALOGUE DE SOURDS, OU DÉBAT DE DUPES ?
Le ton avait été donné dès 2018 avec la baisse brutale des APL et la mise en place du dispositif de réduction du loyer de solidarité (RLS) qui a empêché la construction de 140 000 logements sociaux neufs. Cinq ans après, le fossé des incompréhensions entre le président de la République et le monde du logement est devenu un abîme. Les associations de locataires et les bailleurs sociaux n’hésitent plus à s’interroger publiquement sur les ambitions réelles de l’État pour le secteur HLM. « Le problème est financier, mais pas seulement. Nous sommes aussi collectivement confrontés au choix dogmatique de confier le parc locatif au privé et de laisser à l’abandon le logement social », analyse Eddie Jacquemart, président de la CNL2, première association représentative des locataires. « Le gouvernement fragilise sciemment le logement social alors même que celui-ci pourrait permettre la résorption rapide de la crise du logement », poursuit-il, dénonçant les risques de ghettoïsation créés par un tel désengagement de l’État.