Depuis le mois de septembre 2022, le camion Opti’soins sillonne des villages des quatre départements de l’ancienne région Auvergne (Allier, Cantal, Haute- Loire, Puy-de-Dôme). Le point commun entre ces localités : elles sont situées à plus de 30 minutes en voiture d’une maternité. Le véhicule abrite un cabinet médical équipé du matériel nécessaire à un suivi de grossesse conforme aux recommandations de la Haute Autorité de santé. Ces dernières prévoient une consultation obstétricale par mois, une échographie trimestrielle, des bilans sanguins et analyses d’urine nécessaires au dépistage et à la prévention des maladies et complications pouvant survenir durant la grossesse.
À son bord, trois sages-femmes accueillent les femmes enceintes à qui elles proposent également des séances de préparation à la naissance, des conseils nutritionnels, des exercices de relaxation… Deux infirmiers psychiatriques interviennent en parallèle. Ils proposent un examen et un suivi psychologique dans un souci de prévention de la dépression post-partum qui touche 17 % des parturientes selon Santé publique France.
UNE ÉTUDE SUR DEUX ANS
Plus que le nom du camion et du service rendu aux femmes vivant dans un désert médical en Auvergne, Opti’soins est surtout celui d’une étude prévue pour durer deux ans, pilotée par le Réseau de santé en périnatalité d’Auvergne et par le CHU de Clermont-Ferrand avec la participation de l’hôpital de psychiatrie générale Sainte-Marie. « Tout au long de l’étude, nous recueillons les témoignages des femmes que nous suivons, mais également celui de femmes enceintes dans des villages-témoins que nous ne visitons pas. Cela va nous permettre de comparer le ressenti des unes et des autres durant leur grossesse et de vérifier si les femmes ayant été suivies adhèrent à ce type de consultation », explique Nathalie Dulong, la sage-femme coordinatrice de l’équipe.
QUELLES AMÉLIORATIONS ?
« Mais plus que cela, ajoute-t-elle, nous pourrons en tirer des enseignements sanitaires et économiques pour savoir si ce qui n’est encore qu’une expérimentation mérite d’être développé. » Y a-t-il une amélioration en termes de santé pour la mère et l’enfant chez celles qui ont été suivies par Opti’soins et les autres ? Le recours aux hospitalisations est-il moins fréquent dans un cas que dans l’autre ? Derrière ce type de questionnement, il s’agit aussi d’évaluer la pertinence de la dépense publique occasionnée par le fonctionnement de l’unité mobile. Est-ce que ça revient moins cher au système de santé d’assurer un service de proximité plutôt que de laisser des femmes enceintes éloignées d’une offre de soins appropriée au risque de voir survenir des complications suivies de prises en charge plus lourdes ? Les réponses sont attendues pour l’automne 2024. En un an, Opti’soins a assuré le suivi de 40 grossesses. Quant à l’étude, elle est financée pour 662 663 euros par le ministère de la Santé et elle bénéficie également d’un financement issu du fonds FEDER versé par la région Auvergne-Rhône-Alpes pour 78 000 euros.