Par Dominique LATIER
Jean-Marc Pelletant, maire de Landiras, en Gironde, 2 274 habitants, n’a pas ménagé les efforts de la commune pour lutter contre les incendies l’été.
La commune de Landiras, en Gironde, s’étend sur 5 900 hectares, mais les zones boisées occupent à elles seules 5 300 hectares. « Ici, des départs de feu, on en a tous les ans, mais ils sont toujours rapidement circonscrits », confie le maire Jean-Marc Pelletant. Les feux du 12 juillet et du 9 août qui ont dévoré plus de 21 000 hectares sur le territoire communal et alentour, sont dus avant tout à des circonstances exceptionnelles. Mais que faire quand surviennent de tels événements et qu’on est un village d’à peine 2 400 habitants ? « La culture du risque, on sait ce que c’est », remarque le maire. La commune est particulièrement exposée aux risques majeurs : feux de forêt, tempêtes, inondations. À six reprises entre 1982 et 2020, elle a été reconnue en état de catastrophe naturelle. Aussi, en cet été 2022, le branlebas de combat a été quasi général, sans qu’il ait été besoin d’appeler à la mobilisation.
« Dès que j’ai été informé du départ de feu, j’ai appelé tous les conseillers municipaux, et nous avons créé une cellule de crise », raconte Jean-Marc Pelletant. Puis, les volontaires ont accouru spontanément pour répondre aux besoins de soutien et de logistique nécessaires à l’appui des soldats du feu. La mairie a ouvert l’école, les pompiers et les gendarmes y ont installé leur centre opérationnel. Il fallait gérer l’arrivée des dons, nourritures, eau. Il fallait préparer des rations alimentaires pour les apporter aux pompiers restant sur le terrain parfois douze heures d’affilée. Il fallait leur proposer un lieu pour prendre du repos avant de repartir au feu. « Des employés municipaux en charge des infrastructures DFCI ont combattu le feu. De même, les habitants du hameau de Manine, situé dans la forêt, ont prêté main-forte aux pompiers, le feu a été stoppé à 100 mètres des habitations. »
Sentiment d’impuissance
Le maire, ses équipes et une grande partie des habitants ont fait le job sans compter. Il faudra attendre près de deux ans avant que les forestiers ne puissent replanter après avoir coupé et nettoyé tout ce qui a brûlé. Alors reviendra la routine : l’entretien des pistes DFCI et des citernes enterrées pour commencer. Mais le plus difficile pour le maire, c’est de faire appliquer les obligations légales de débroussaillement (OLD). Les parcelles entourant le village sont destinées à la production. Quand des zones en taillis sont en attente d’éclaircie, c’est dans l’intérêt de l’exploitation. « Franchement, ce n’est pas mon rôle de dire à un sylviculteur de couper des arbres pour constituer un pare-feu sur sa propriété. C’est difficile aussi de le demander pour la protection autour des maisons. À chaque fois, on me demande qui va payer, et si c’est la mairie qui devait le faire, je crois que nous aurions de grandes difficultés à nous faire rembourser. » Le 28 octobre, le président de la République a annoncé des mesures pour mieux gérer les espaces forestiers et prévenir les incendies ; le maire de Landiras attend surtout des éclaircissements pour une meilleure application des OLD et un renforcement des moyens alloués au DFCI.