Pragmatique, la décision s’est imposée progressivement à partir de 2016. À cette époque, à la suite d’un diagnostic qui évalue à 15 M€ la réparation de quatre télésièges, la petite station située à 900 m d’altitude s’interroge : « On s’est demandé si on avait vingt ans de ski devant nous pour amortir cet investissement, se souvient Olivier Erard, directeur du syndicat mixte du Mont d’Or. Pendant dix-huit mois, nous avons fait des études, des modélisations, sondé les acteurs de terrain, et nous avons conclu que nous n’avions pas ces vingt années, et que nous allions devoir faire le deuil du ski alpin. » Les recettes du ski n’étant plus garanties, la décision est donc prise de ne plus investir ni dans de nouvelles remontées mécaniques, ni dans des extensions de neige de culture.
Prendre appui sur l’humain
Se pose alors la question de l’« après ». Avec peu de lignes directrices, sinon deux convictions : celle d’abord que le modèle de demain se fera à l’échelle du pays du Haut-Doubs, au-delà du seul périmètre de Métabief ; celle, ensuite, que l’après-ski s’appuiera sur l’humain et non sur des infrastructures. Face à cette page quasi blanche, les techniciens ont demandé du temps aux élus : « Il ne fallait surtout pas miser sur la solution miracle, prévient Olivier Erard, mais prendre le temps de la réflexion et se donner les moyens de gérer la complexité et d’accompagner le changement. »
« Nous allons devoir faire le deuil du ski alpin »
Depuis 2019, une partie de la taxe sur les remontées mécaniques permet de financer une mission d’ingénierie, renforcée plus récemment par le plan Avenir montagnes ingénierie et les financements de la Banque des Territoires. Après la création d’un pôle montagne en station, pour améliorer l’accueil des publics et donner plus de visibilité à la diversité de l’offre d’activités, « nous avons cherché à créer du lien avec des territoires qui se sentaient éloignés des loisirs et du tourisme, donne pour exemple Olivier Erard. Nous avons mis en place une communauté d’acteurs, autour de thèmes partagés, comme l’emploi et la formation, avec des possibilités de mutualisation de postes. »
Nouvelle identité
Plus récemment, le recrutement d’une doctorante en psychologie sociale et environnementale permet à l’équipe de travailler sur les effets du développement des activités outdoor sur le milieu naturel et humain, pour prévenir non seulement les atteintes à la biodiversité, mais aussi les conflits d’usage avec les montagnards de la première heure. En conjuguant démarche planifiée et modalités libres de coopération, l’ambition du projet qui se dessine est de faire émerger une nouvelle identité partagée. Autour des valeurs clés du territoire, celle-ci imprégnera un modèle touristique dont la principale force sera sa capacité de résilience.