Dès le début du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, des annonces ont entraîné une réaction d’un certain nombre de maires et renforcé le sentiment d’un manque de confiance entre un État très directif et normatif en direction des élus locaux. Je pense au problème spécifique des finances locales, avec la suppression de la taxe d’habitation qui réduit notre autonomie fiscale et entraîne une perte de recettes. En outre, cette décision génère une rupture symbolique. Dans une commune, seuls les propriétaires sont désormais contribuables locaux, via la taxe foncière. Ce sont donc eux qui auraient à supporter la charge d’une augmentation des impôts locaux. En fin de mandat, l’exécutif a affiché des mesures populaires : hausse du point d’indice et valorisation de certains agents de la fonction publique territoriale. Mais ce sont les collectivités qui en supportent le coût, alors qu’elles ont vu leurs recettes diminuer.
C’est tout le problème de la décentralisation à la française, très dirigée par l’État. Tous les gouvernements font des déclarations d’amour aux collectivités, mais en réalité, ils sont très directifs et imposent des décisions et des transferts sans accompagnement nécessaire. C’est évident dans les domaines de l’aménagement et de l’environnement, avec la loi énergie climat et la Zéro Artificialisation Nette (ZAN) des sols. On fixe aux communes un carcan pour aménager le territoire. Cela relève clairement d’un manque de confiance. L’État veut montrer qu’il est fort, en réglementant tout. Mais que reste-t-il aux élus locaux ? Nous avons aussi notre légitimité : nous sommes élus au suffrage universel, la population contrôle notre action. Si nous agissons mal, par exemple dans le domaine de l’environnement, nous sommes sanctionnés par nos électeurs. Je ne demande pas plus de pouvoir aux communes. Je demande qu’on nous redonne de la capacité de décider dans la clarté et la responsabilité. Qu’on nous laisse faire nos choix financiers et que l’État, de son côté, gère ses finances et assume ses missions régaliennes, notamment en termes de sécurité.