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Action citoyenne, des Français prêts à agir (ci-dessous)
Frédéric Dabi : « L’échelon territorial maximise les envies d’engagement »
Réactions d’élus
Notre enquête réalisée par l’IFOP pourrait donner des idées aux dirigeants des collectivités locales tant est réelle la volonté d’engagement d’une majorité de Français. 54 % des sondés répondent positivement lorsqu’on leur demande s’ils sont prêts à consacrer bénévolement un peu de temps personnel pour agir localement. Un chiffre qui bondit à 62 % pour les jeunes de 18 à 24 ans. Dans la morosité régnante, ce résultat offre un peu de lumière et d’espoir pour l’avenir. Mais, plus prosaïquement, il signifie que si les responsables politiques locaux savent s’en saisir, ils pourront profiter d’un réel potentiel d’action. Même dans une commune moyenne, mille citoyens prêts à investir trois heures de leur temps par mois, cela représente 3 000 heures pour la collectivité
62 % des jeunes de 18 à 24 ans volontaires pour donner du temps à leur commune
Bien sûr, une partie d’entre eux est déjà engagée dans des actions bénévoles, mais ils sont bien plus nombreux encore dans les starting-blocks à se dire prêts si les conditions de leur engagement sont réunies. Parmi celles-ci, l’impérieuse nécessité de faire quelque chose de concret et d’utile. Le militantisme principalement fondé sur des convictions politiques et idéologiques semble avoir fait son temps au profit d’un désir d’engagement de proximité dont les résultats pourront être plus rapidement visibles. Phénomène particulièrement remarquable dans la jeunesse d’aujourd’hui qui, si elle refuse très majoritairement l’engagement dans un parti politique, ne baisse pas pour autant les bras devant les exigences de solidarité ou l’urgence climatique auxquelles nos sociétés sont soumises.
Des élus dubitatifs
Lorsqu’on les interroge, les maires sont surpris et plutôt dubitatifs face aux résultats de l’enquête. « J’ai le sentiment que les citoyens sont prêts à devenir bénévoles, mais sans responsabilités : c’est la croix et la bannière dès qu’il faut prendre des responsabilités, s’engager dans la gouvernance des associations. C’est un peu “le bénévolat, quand je veux !” » nous livre sans détour Catherine Arenou, maire de Chanteloup-les-Vignes, petite ville de 10 000 âmes dans les Yvelines. Le combat des élus pour ramener les citoyens dans l’orbite de l’action citoyenne ne date pas d’hier, et les résultats sont si souvent décevants que les élus en ressentent une réelle frustration.
Dans son petit village isérois de Châtel-en-Trièves, la maire Fanny Lacroix avance une autre explication, tirée de son expérience : « Il faut engager les citoyens à tous les niveaux, pas seulement au niveau intellectuel, soutient l’élue. Si l’on s’en tient uniquement aux discussions et aux réunions publiques, on sait que seuls 5% de la population y assistera. Il faut accepter de se mettre à portée des habitants, dans leur quotidien, dans leurs savoir-faire. L’engagement, cela peut être par exemple pour certains de prendre une tronçonneuse pour entretenir des sentiers, de planter des courges dans le jardin partagé, de fabriquer l’étagère du café-épicerie… ».
La valorisation des savoir-faire de chacun s’avère être un puissant moteur de l’engagement citoyen…
Ainsi, la valorisation des savoir-faire de chacun s’avère être un puissant moteur de l’engagement, dans la mesure où la collectivité, en même temps qu’elle sollicite le citoyen, lui adresse aussi un message de reconnaissance. Notre étude révèle aussi que les habitants doivent avant tout avoir la conviction que leur action est utile aux autres (96 %), mais ils souhaitent également que la ville soit en mesure d’encadrer sérieusement les activités (81 %), et qu’elle soit à l’origine de la sollicitation (80 %). En ce domaine, il n’y a certes pas de recette miracle, mais pour que l’offre émanant des collectivités corresponde à l’aspiration à agir des citoyens, il faut trouver le bon dosage et les leviers qui déclenchent l’engagement. Les questions de solidarité (41 %) et d’environnement (40 %) sont de loin les premiers thèmes sur lesquels les Françaises et les Français se disent prêts à agir, l’éducation (28 %), la culture (25 %) et la santé (21 %) arrivent ensuite. Dans tous les cas, mieux comprendre les motivations, et déceler les leviers sur lesquels il conviendrait d’agir, devient un enjeu pour les collectivités qui voudront transformer le désir de leur population en actions au service de tous.