De la distribution de petits déjeuners sains par des lycéens au sein de leur établissement à la création de cuisines de proximité… Montreuil cherche à impliquer ses habitants dans leur destin alimentaire. Promesse de campagne, les États généraux de l’alimentation, qui se sont déroulés en 2021, ont posé la première brique de cette nouvelle construction collaborative. « Il faut penser que l’alimentation est l’un des lieux où va se jouer notre avenir à tous, du point de vue de la santé, mais aussi des transitions écologiques et sociales », lance d’emblée Patrice Bessac, maire de Montreuil et président de l’Établissement public territorial Est Ensemble. « Cela pose des questions en matière de réseaux d’approvisionnement des villes, interrogeant leur capacité à renouer un lien avec les campagnes, mais aussi quant à la juste rémunération des producteurs. » Face à ces enjeux globaux, quelles sont les marges de manœuvre des collectivités publiques, a fortiori urbaines, pour lutter contre la malbouffe et impulser des politiques agricoles plus respectueuses de l’environnement ?
Revaloriser l’acte de cuisiner
Avec ses États généraux de l’alimentation, Montreuil a commencé par créer un cadre de réflexion, pour fédérer les énergies associatives et individuelles, et les associer à la construction d’une stratégie alimenta ire municipale. Adepte des MONTREUIL 110 000 habitants Département : Seine-Saint-Denis Région : Île-de-France Ça se passe à… principes de l’éducation populaire, la collectivité mise sur le concept de cuisines partagées « pour revaloriser l’acte de cuisiner et de manger », note Patrice Bessac. Retenue dans le cadre du budget participatif, une première cuisine va ainsi être installée au sein d’un centre social situé dans un quartier politique de la ville. Conçue comme un outil au service des associations de quartier et des acteurs municipaux, elle a pour vocation, à partir d’ateliers culinaires, de créer du lien social et de sensibiliser la population à l’importance de bien manger. Autre initiative prise récemment à Montreuil, l’installation de « minimarchés » hebdomadaires dans des zones où il est difficile de s’approvisionner en fruits et légumes frais. Ces marchés seront-ils accessibles financièrement aux habitants de ces quartiers ? « On cible des marchands abordables, prévient le maire, mais il est vrai que l’alimentation saine a un coût, d’où l’enjeu de la conversion massive de notre agriculture au bio. C’est pourquoi nous soutenons l’agriculture de proximité, à travers la coopérative bio d’Île-de-France et le projet CARMA du triangle de Gonesse. » Enfin, au-delà de ses projets participatifs, la mairie de Montreuil, qui poursuit son engagement massif en faveur du bio dans les crèches et les cantines scolaires (où 70 % des denrées sont bios), souhaite aujourd’hui reprendre la main sur la préparation des repas des Montreuillois. Son projet de cantine publique – en lieu et place de l’actuelle délégation de service public – devra conjuguer les impératifs de santé publique et environnementale, en développant de nouveaux contrats d’approvisionnement pérenne avec les agriculteurs d’Île-de-France.