— Pourquoi cette médiation santé ?
Magalie Thibault : Nous avons expérimenté le dispositif en 2021 avec la plateforme d’accueil des demandeurs d’asile à Aubervilliers. Son succès nous a incités à l’étendre à tous, en ciblant des lieux précis : l’Abreuvoir à Bobigny, la Cité des 4 000 à La Courneuve, le Rouaillier à Clichy-sous-Bois. Un quatrième quartier est à l’étude à Dugny. Ces quartiers sont les plus éloignés du système de santé, mais le bailleur public Seine-Saint-Denis Habitat y détient un patrimoine de logements sociaux qui le relie aux habitants. Nos permanences de santé lèvent les freins à l’accès aux soins. Les habitants y trouvent des explications, des conseils, des informations sur les ressources sanitaires de proximité. Les médiateurs peuvent obtenir un rendez-vous médical en cas d’absence de médecins et de suppression des accueils physiques de l’assurance maladie ou de la CAF… L’accueil santé durera trois ans grâce au cofinancement de l’Agence régionale de Santé obtenu dans le cadre d’un appel à projets et au soutien de la fondation BNP Paribas. Onze associations spécialisées dans l’accueil et la santé, partenaires de longue date du département, interviennent dans les permanences.
— L’université Sorbonne-Paris Nord évalue le dispositif. Qu’attendez-vous de l’étude ?
MT : Le Laboratoire d’éducation et de pratiques de santé de l’université Sorbonne-Paris Nord, partenaire institutionnel, poursuit deux objectifs : identifier ce qui freine l’accès aux droits des habitants et mesurer l’impact de la médiation santé. Quel sera le bénéfice de cette action ? Promeut-elle le métier de médiateur en santé ?
— Dans quelle stratégie s’inscrit l’accueil santé ?
MT : Dans la politique départementale de santé ! Notre stratégie consiste à intensifier l’« aller-vers » les populations éloignées de l’offre de soins, et à réduire les inégalités de santé. Celles-ci ont toujours existé en Seine-Saint-Denis, mais se sont aggravées avec la crise sanitaire. Cet « aller-vers » a pour but que la population se saisisse des questions de prévention.