Quand il a lancé son initiative, Thibault Renaudin, maire de Termes-d’Armagnac dans le Gers, ne s’attendait certainement pas à ce que son concept de service civique en milieu rural essaime en trois années dans sept des treize régions françaises (Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes, PACA, Corse, Normandie, Grand Est et Nouvelle-Aquitaine). « Mon idée était de permettre aux petites communes rurales de moins de 1 500 habitants de bénéficier de l’aide de jeunes en service civique pour appuyer des porteurs de projets dans les territoires », raconte-t-il. La première étape a été, en 2018, la création de l’association InSite qui proposait des missions pour faire vivre des projets culturels, sociaux, environnementaux… soutenus par des organismes sans but lucratif exerçant une mission d’intérêt général (des associations le plus souvent).
InSite, qui dispose de l’agrément délivré par l’Agence du service civique, joue l’interface entre cette dernière et les porteurs de projets. Elle organise l’arrivée du jeune sur place, sollicite la commune accueillante afin qu’elle facilite son hébergement — « gratuitement ou pour un loyer symbolique », précise Thibault Renaudin — car, pendant six mois, le volontaire va vivre en immersion dans le village où il mène son action. Cette plongée dans la vie locale, qui rappelle celle des étudiants européens passant une année dans un autre pays de l’UE, a inspiré le nom du dispositif, l’Erasmus rural. Comme l’ensemble des services civiques, celui d’InSite est indemnisé par l’État pour environ 473 euros net par mois à raison de vingt-quatre heures hebdomadaires de service pour le jeune.
Des services civiques transformés en emplois pérennes
Le maire de Termes-d’Armagnac aura été le premier à expérimenter le système en 2019 pour une animation autour de la tour médiévale du village qui, après un chantier d’aménagement, présente maintenant un réel attrait touristique. Par la suite, ce poste de service civique a évolué vers un emploi, véritable et pérenne.
« De nombreux autres services civiques organisés via InSite ont donné lieu à des créations d’emploi » dans d’autres communes, assure l’élu. Depuis le lancement du projet, 150 jeunes ont participé à un Erasmus rural dans les régions concernées. Une étude d’impact a révélé que 20 % d’entre eux s’installaient sur le territoire à l’issue de leur service, soit parce que ce dernier se transformait en emploi, soit parce que le volontaire souhaitait in fine demeurer sur place. Quant au maire, il ne cesse d’être sollicité par d’autres édiles ruraux qui veulent en savoir davantage sur cet Erasmus rural.