Le 17 juin, vingt-six communes ont été labellisées Villages et villes citoyennes pour l’exemplarité de leur gestion participative. C’est la première fois que ce label est attribué après huit années de gestation conduite par l’association Empreintes citoyennes* qui a pour vocation de promouvoir la citoyenneté dans les territoires. Selon une enquête réalisée à sa création, 74 % des maires estiment que la citoyenneté est en crise. L’abstention électorale, le désintérêt pour la vie publique, l’incivilité dans l’espace public en sont les principaux signaux. L’association propose aux collectivités un accompagnement et des outils pour les aider à favoriser la participation à la vie politique et publique.
Prise de conscience
Le label, lui, « apporte une inspiration, il oblige. Ce n’est pas une fin en soi, c’est un outil de progression », explique Julien Goupil, le fondateur de l’association. De 2015 à 2018, des consultations d’élus, d’associations, de citoyens, ont été organisées autour d’une question : « C’est quoi, une ville citoyenne ? » Élaboré par un groupe de travail comprenant les associations d’élus, les représentants d’autres labels, des experts, des représentants de citoyens, le référentiel a obtenu une normalisation Afnor.
« En 2014, seulement 20 % des communes possédaient une délégation dédiée à la citoyenneté. Aujourd’hui, nous en sommes à 80 % », constate Julien Goupil. Bourges dans le Cher en est le parfait exemple. La création d’une telle délégation était une promesse de campagne de la nouvelle équipe élue en 2020. « C’est l’abstention qui me fait bondir. Un gouffre s’est créé entre le monde politique et les citoyens, on ne peut pas s’en contenter. Il faut rétablir la confiance entre les uns et les autres », résume Alain Bouquin, maire adjoint délégué à la Citoyenneté issue de la société civile. Pour lui, il faut « mettre en avant un triptyque vertueux, élus-agents-citoyens. On ne peut plus travailler uniquement entre élus et fonctionnaires municipaux ».
Une assemblée citoyenne locale
Son premier travail a été la mise en place d’une assemblée citoyenne, une initiative inédite. Les membres ont été tirés au sort à partir des listes électorales et des données INSEE afin de constituer une instance paritaire la plus représentative possible de la population. Elle compte quarante-quatre personnes âgées de 17 à 77 ans. « L’instance peut être saisie pour avis par le maire, mais elle peut aussi s’autosaisir d’une question relevant des compétences municipales ou en cas de non-respect des engagements du maire », précise Alain Bouquin.
L’assemblée a déjà travaillé sur deux questions : la limitation de vitesse en ville et l’extinction partielle de l’éclairage public la nuit. À l’issue de plusieurs réunions, d’échanges et de validation des avis finaux, les préconisations ont été rendues fin avril. Elles peuvent être techniques, appeler des aménagements ou relever d’actions de sensibilisation et de communication, mais rarement coercitives. L’ensemble a été transmis aux services concernés, à charge pour eux de répondre de manière argumentée sur la faisabilité de chacune de ces préconisations.
Parmi les actions berruyères, on pourrait aussi citer la consultation organisée pour la rénovation de la place Cujas, centrale dans la ville, qui ne nécessitait pas d’enquête publique, ou encore la relance des conseils de quartier accompagnée de la nomination d’adjoints référents. « Dans une seconde phase, l’assemblée sera appelée à se prononcer sur les orientations budgétaires et nous mettrons en place un budget participatif », annonce l’élu.
Un forum permanent
Autre lauréat, Sainte-Terre en Gironde compte moins de 2 000 âmes. L’équipe municipale est toute nouvelle. Elle a été élue en juillet 2021 à la suite de la démission de l’ancien maire et de son conseil. À écouter Agnès Alfonso-Chariol, la nouvelle maire, le village semble s’être transformé en forum permanent. En à peine une année, un nombre important de projets participatifs a été lancé en concertation avec les habitants, les professionnels, les associations. Le projet le plus important est celui d’une maison de soins en lien avec les professionnels de santé du territoire. Mais il y a aussi la création d’un groupement d’achat pour le fioul, un partenariat avec une mutuelle pour les habitants qui en sont dépourvus, l’exploitation d’un verger communal pour approvisionner la cantine scolaire et le centre aéré, le développement d’activités culturelles… « Pour chaque projet d’intérêt général, nous constituons une commission extramunicipale. Nous traitons de choses simples, mais il est important d’être à l’écoute des gens, de permettre à chacun d’être acteur afin qu’il se sente bien. Si l’on peut faire en sorte que là où l’on habite, tout se passe pour le mieux, alors, c’est génial », s’enthousiasme la maire.