« Nous allons bientôt transférer la cabine de téléconsultation à Courville-sur-Eure, la ville-centre de notre communauté de communes Entre Beauce et Perche.» John Billard, le maire du Favril, village de 350 habitants en Eure-et-Loir, a réussi son pari. La cabine de télémédecine, qu’il a installée dans sa mairie à titre expérimental en octobre 2019, a rencontré l’assentiment des habitants et des médecins. Elle compte plus de 250 patients réguliers. Il aura fallu deux
années de rencontres, de discussions, de négociations avec les acteurs du dispositif de santé – l’ARS, la CNAM, le Conseil de l’ordre des médecins, des médecins eux-mêmes – pour mettre tout en place. In fine, l’installation de l’équipement a été financée par la préfecture, le conseil départemental et la communauté de communes à hauteur de 100 000 euros.
« C’était aussi un défi vis-à-vis des habitants. La Covid n’était pas encore passée par là, les gens seraient-ils prêts à aller consulter dans une cabine ? » Une étude réalisée après deux années de fonctionnement montre que 87 % des usagers oublient très vite qu’ils sont en distanciel. Les seniors représentent plus de 40 % des téléconsultants alors qu’ils ne comptent que pour 24 % dans la population locale, tandis que le public est majoritairement féminin (60 % des consultations). La difficulté d’obtenir un rendez-vous avec un médecin constitue une des principales motivations des patients. « Quelle que soit la catégorie d’âge, tous les utilisateurs s’accordent sur le fait que la télécabine permet d’obtenir une consultation plus rapidement », note l’étude. L’intuition de John Billard s’est ainsi vérifiée. Et s’il est question de déménager aujourd’hui, c’est parce que la mairie du Favril n’ouvrant que cinq demi-journées par semaine, toute la demande ne peut être satisfaite. L’élu, lui, espère que son expérimentation inspirera d’autres zones rurales. « Mon dada, c’est de dire qu’il faut réfléchir à un maillage sur les
territoires dans le cadre de plans territoriaux de santé. »