« À la fin des années 1970, après la fermeture de la mine, de Manufrance, de la manufacture d’armes, des activités textiles… Saint-Étienne n’avait plus qu’un seul vecteur de fierté, son club de foot. » Jean-Pierre Berger, le premier adjoint de l’ancienne cité minière, se remémore la torpeur qui régnait sur la ville à cette époque et qui l’a durablement marquée. En quarante ans, Saint-Étienne a perdu 50 000 habitants ! Alors qu’on en comptait plus de 220 000 avant les fermetures d’usines, ce chiffre avait touché le fond pour s’établir à environ 170 000. « Mais les choses changent, relève l’élu, car nous en avons regagné 4 000 depuis 2016. » Quant au taux de chômage il est passé de 13,6 % en 2018, il est à 8,3 % aujourd’hui. L’évolution est sensible.
La ville a misé sur le design pour se relever. La biennale de la discipline en est à sa XIIe édition. Son emblème, la Cité du design, a ouvert ses portes en 2005 sur le site de l’ancienne manufacture d’armes en tant que syndicat mixte avant de devenir en 2010 un Établissement public de coopération culturelle. En 2009, l’École supérieure d’art et de design de Saint-Étienne s’y installait. Cette même année, la commune était labellisée par l’UNESCO Ville créative design, la seule en France à pouvoir arborer cet insigne sur son fronton.
Un showroom à ciel ouvert
« On peut dire que la labellisation de l’UNESCO nous oblige », ajoute Jean-Pierre Berger. Puisque Saint-Étienne est devenue métropole, une mission de design management a été constituée afin de s’assurer que les projets d’équipements publics s’inscrivent bien dans la démarche. C’est ainsi qu’ont été conçus par exemple Explora, parc d’activités scientifiques et ludiques ou le nouveau théâtre de la Comédie, situés sur le secteur Plaine Achille jouxtant la Cité. Le design a depuis investi les espaces publics, ces derniers s’étant transformés, avec leurs aménagements et leur mobilier urbain, en une sorte de showroom à ciel ouvert.
Mais il reste une ombre au tableau : les lieux sont peu fréquentés par les Stéphanois, si ce n’est par les élèves de l’école élémentaire créée par Alexandre Chemetoff en 2014, dans une des nefs de la manufacture. Les habitants avaient affublé la manufacture d’armes du sobriquet de « Cité interdite », elle était frappée du sceau du secret-défense. Aujourd’hui, la ville et la métropole veulent définitivement tourner la page. Elles ont présenté, le 20 juin, le plan Cité du design 2025, un plan à 60 millions d’euros porté par l’établissement public d’aménagement de Saint-Étienne. Il s’agit d’intégrer pleinement le site au reste de la ville en redessinant ses accès, et en le transformant en un lieu de vie (hôtels, restaurants, commerces, tiers-lieu socioculturel avec médiathèque, musée, halle dédiée à l’événementiel). Le site abritera également un centre d’innovation par le design alors que la Cité accompagne déjà 150 start-up. Le renouveau est bien là.