— Cherbourg est-elle une ville refuge au sens où l’entend l’Organisation pour une citoyenneté universelle, à savoir qu’elle offre davantage qu’un « asile de charité » ?
Benoît Arrivé : Ce n’est pas à proprement parler une ville refuge, mais notre pratique relève d’un fait historique. Cherbourg est, par vocation, une ville de migration dans laquelle beaucoup ont fini par rester. C’est un port qui permet de quitter l’Europe, notamment pour l’Irlande. En deux ou trois jours, nous avons vu passer 1 300 Ukrainiens qui avaient décidé de rejoindre ce pays. Enfin, nous estimons que l’accueil de ces populations participe des valeurs de gauche qui marquent cette ville.
— Quelle est la latitude dont dispose la Ville à l’égard des décisions de l’État ?
BA : Nous agissons dans le respect du droit et des droits. Comprenez le droit de la République et les droits humains. Lorsque nous estimons injuste une obligation de quitter le territoire français, nous nous mobilisons jusqu’à obtenir ce que nous voulons. À cet égard, les parrainages républicains ont montré une certaine efficacité.
— Quel est le poids de l’accueil des migrants dans les finances de la ville ?
BA : Nous n’avons jamais voulu le chiffrer. Ce n’est pas un sujet. Nous faisons ce qu’il faut. En clair, nous faisons ce qu’il faut faire pour qu’ils vivent bien.
— La population est-elle associée à la politique d’accueil ?
BA : Il y a eu à cet égard plusieurs interventions en conseil municipal depuis 2015. Elles ont porté sur le travail que nous menons auprès des réfugiés. Par ailleurs, la municipalité entretient des relations étroites avec les commerçants et avec le tissu associatif qu’elle finance et cela, en toute transparence. Nous sommes dans une ville où la plupart des élus sont militants d’associations. Lorsque la question de l’aide à l’Ukraine s’est posée, nous avons recueilli 20 tonnes de dons qui ont été expédiés dans le pays.
— Avez-vous mis des limites à l’accueil de réfugiés ?
BA : Il va falloir répondre aux prochaines migrations dues au changement climatique. Une ville de 80 000 habitants peut accueillir 200 personnes de toutes origines. C’est possible parce que nous sommes une ville dans laquelle il y a un sentiment d’appartenance à une communauté de vie.