Un bâtiment Art déco symbolise à lui seul la vocation de Cherbourg à l’accueil des migrants. S’il est aujourd’hui le siège de la Chambre de commerce et d’industrie de la ville, il fut à sa construction, dans les années 1920, l’hôtel Atlantique. En fait de palace, il était le lieu de quarantaine imposée aux migrants venus d’Europe orientale, en partance pour les États-Unis par les navires de la compagnie Cunard.
Au-delà du monument-symbole, Benoît Arrivé, maire de la nouvelle commune de Cherbourg-en-Cotentin depuis 2016 — après avoir présidé la communauté urbaine de 2014 à 2015 —, est né dans le quartier populaire des Provinces/Amont-Quentin aux fortes communautés algérienne et turque. Il attribue les capacités d’accueil de la ville à cet héritage.
Lorsqu’en 2015 Bernard Cazeneuve — qui fut maire de Cherbourg-Octeville — lance son appel aux maires pour absorber le flux d’immigrés qui se profile aux frontières, Cherbourg répond et prend en charge 200 d’entre eux. Le CCAS assure les besoins essentiels tandis que la municipalité met des locaux à la disposition d’Itinérance, une association forte de 200 adhérents et 40 bénévoles, pour l’enseignement du français.
La population réfugiée se divise en deux catégories. Les demandeurs d’asile sont logés dans le parc social de la ville. Les autres, environ une cinquantaine de « migrants » en attente d’un départ vers d’autres horizons, vivent sous des tentes plantées sur un terrain privé, mais disposent de sanitaires opportunément installés sur le terrain municipal qui le jouxte. C’est à ces migrants, confrontés aux difficultés engendrées par le Brexit conjuguées à la crise sanitaire qui a laissé les navires à quai, que la municipalité tient le discours de l’intégration, en s’efforçant de les convaincre que l’eldorado dont ils rêvent n’est peut-être pas ailleurs.