Dans un hangar de Sené, près de Vannes, des bruits de marteau se font entendre. Une fois le bardage en bois posé et le mobilier construit, une deuxième tiny house (mini-maison de 20 m²) sera terminée. D’ici peu, elle permettra à un Morbihannais SDF d’avoir un chez-soi. Le nom de l’occupant n’est pas connu mais il fait forcément partie de ceux qui ont participé à la construction de ce qui ressemble à une caravane en bois bien optimisée.
Une quinzaine de volontaires, quasi tous sans abri, se relaient sur le chantier, de manière plus ou moins régulière. Ils sont encadrés par un menuisier et un assistant social, salariés de l’association Amisep. C’est un appel à manifestation de la Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (Dihal) qui a amorcé l’expérimentation, qu’elle finance.
Une solution à la tension immobilière
“La Mairie de Sené est aussi partie prenante, parce que nous sommes sur un territoire avec un gros problème de foncier sur cette côte touristique. Il devient très difficile de trouver un petit logement. Tous les studios sont loués sur Airbnb. En n’occupant que 20 m² au sol et en étant transportables au besoin, les tiny houses répondent à cette problématique. Et elles ne coûtent que 25 000 € en matériaux, principalement du bois”, fait remarquer Simon Robitaille, animateur du projet.
Le but est de créer ainsi 8 logements d’ici fin 2023. “L’objectif premier n’est pas la réinsertion professionnelle, mais on sent malgré tout que le projet les fait gagner en autonomie, les aide à retrouver un rythme dans leur semaine, et améliore leur capacité à travailler en groupe”, observe Simon Robitaille.
Des petits logements adaptés aux sans-abri
C’est le Service intégré d’accueil et d’orientation (Siao) de Vannes qui décide de l’attribution des mini-maisons selon deux conditions : avoir participé au chantier et ne pas trouver de solution d’hébergement classique. La première mini-maison construite est occupée depuis mai, par un ancien sans-abri quinquagénaire, qui semble s’y plaire.
“Les tiny houses allient le confort d’un vrai habitat (par rapport à un camping-car), et le fait de ne pas être enfermant comme une tour d’immeuble, qui ne convient pas toujours à ces personnes habituées à la rue”, ajoute le travailleur social de l’Amisep.
La municipalité a accordé le permis de construire pour que les six premières tiny houses soient posées à Kercourse, proche du hangar mais aussi d’un quartier résidentiel huppé. “La Mairie a organisé une réunion avec les voisins pour que tout se passe bien. Elle nous laisse à disposition en plus une ancienne ferme située à côté, que nous allons transformer en un lieu de convivialité”, ajoute Simon Robitaille. De quoi bien occuper les bénévoles de l’Amisep ces prochains mois, en parallèle des mini-maisons.