Stéphanie Pernod est première vice-présidente de la région Auvergne–Rhône-Alpes, déléguée à l’économie, à la relocalisation, et à la préférence régionale.
— Votre région est la première région industrielle de France, et pourtant vous mettez l’accent sur les politiques de réindustrialisation. Pourquoi ?
Stéphanie Pernod : Parce que nous souhaitons augmenter notre capacité d’industrie en région. Nous
voulons faire deux choses : accompagner les entreprises industrielles sur la croissance externe, pour qu’elles développent de nouvelles productions, et permettre, notamment par la création de filières, d’accueillir en région AURA des activités qui n’existent pas.
— Vous souhaitez favoriser les relocalisations. De quoi s’agit-il exactement ?
SP : Il s’agit de faire venir en région soit des industries qui n’existaient pas, soit des industries qui étaient parties et ont vocation à revenir. Si elles reviennent aujourd’hui, c’est pour trois grandes raisons. Tout d’abord pour une question environnementale et de coûts. Ensuite pour une question de situation de filière : elles trouvent désormais en région une vraie filière structurée, des fournisseurs aux clients, ce qui leur permet de s’installer à des coûts mesurés. Enfin, pour profiter de notre dynamisme industriel.
— Avez-vous des exemples récents ?
SP : On a un fournisseur d’ameublement qui jusqu’ici découpait ses panneaux de bois en Chine, les faisait venir en France, et là il reproduisait une photo numérique sur les panneaux de bois avant que ceux-ci ne soient installés par des aménageurs. Là, il crée une chaîne de production en France pour fabriquer ces panneaux de bois. D’abord parce qu’il a trouvé des fournisseurs en Irlande — ce n’est pas la France, mais c’est déjà plus proche que la Chine. Ensuite parce qu’il a la capacité d’avoir le matériel industriel lui permettant de traiter ces panneaux.
Il économise en termes de coûts de transports, de fiabilité de la matière première, et il a un marché qui s’est assis, ce qui lui permet de supporter le coût du travail français plus élevé.
« Les entreprises trouvent désormais en région une filière structurée, des fournisseurs aux clients. »
— Quels sont les dispositifs spéciaux créés par la région pour favoriser cette politique ?
SP : En décembre 2021, nous avons voté un plan de relocalisation, doté de 1,2 milliard d’euros, avec plusieurs objectifs : reconquérir notre souveraineté industrielle, favoriser l’implantation de relocalisations dans des secteurs stratégiques…
En termes opérationnels, nous avons créé un Pack relocalisation regroupant tous les dispositifs d’accompagnement offerts aux entreprises. Cela va de l’appui financier pour investissement industriel à l’accompagnement RH, en passant par le financement d’une formation des collaborateurs, l’appui pour chercher du foncier, etc. C’est une sorte de boîte à outils que les entreprises peuvent mobiliser selon leur projet et leurs besoins, et qui permet de traiter de manière très individuelle les demandes d’une entreprise.