“On est en train de créer un nouveau service public des déchets, non plus centré sur leur gestion, mais sur leurs causes. Tout en gardant un service public de proximité, et en rendant la réduction des déchets acceptable et même bénéfique.” Voilà comment Sylvain Guinaudie, son président, définit la mission du Syndicat mixte intercommunal de collecte et de valorisation des déchets du Libournais Haute-Gironde (Smicval).
Un nouveau service public qui se concrétise par 70 actions, en place ou prévues dans le mandat, pour faire passer de 221 kg de déchets par habitant et par an, à moins de 100 kg d’ici 2030. En comparaison, l’Ademe estime qu’en 2018 chaque Français a jeté en moyenne 582 kg depuis son domicile.
Pour passer sous la barre des 100 kg, les leviers du Smicval sont multiples :
- Plus de restes de repas dans les poubelles ni de végétaux en déchetterie.” On va proposer sur le territoire plusieurs solutions : composteur individuel ou de quartier, lombricomposteur, poules, et dans certaines communes collecte en porte-à-porte de ces déchets organiques”, développe Sylvain Guinaudie. De quoi réduire les tonnages enfouis de 80 kg/hab/an.
- Le retour de la consigne.
- Un service groupé de lavage de couches. “Un bébé représente une tonne de couches. Avec cette solution de gestion des couches lavables, les parents dépenseront moins d’argent, cela ne sera pas plus contraignant pour eux que du jetable, et de notre côté on réduira en moyenne de 16 kg/hab/an les déchets enfouis”, résume le président du Smicval.
- Une tarification incitative et proportionnelle, en lieu et place de l’actuelle taxe dont le montant est le même pour tous les habitants, quel que soit leur usage. “Le principe est voté, mais nous allons arrêter cet été les contours de cette réforme”, précise Sylvain Guinaudie, en ajoutant que ce passage de l’égalité à l’équité doit se faire en solidarité des personnes modestes. “C’est la même logique que pour l’eau. Il faut un forfait minimal, pour la consommation vitale. Et facturer davantage ceux qui ont une consommation de confort, avec une piscine ou en ne triant pas leurs déchets. […] Certains seront gagnants, d’autres perdants avec ce mode de facturation.”
- Un accompagnement des communes et EPCI qui composent le Smicval. Par exemple, comment réduire les emballages à la cantine, favoriser l’implantation d’artisans et maraîchers locaux qui sur-emballent moins que la grande surface, ou même prévoir telle essence d’arbre plutôt que telle autre dans le PLUi selon la production de déchets végétaux…
- Etc.
La déchetterie remplacée par un magasin de troc, une première
Mais l’outil le plus innovant est de loin le Smicval market. Implanté à Vayres, ce “magasin inversé” a remplacé la déchetterie classique en 2017. Une première en France. “C’est l’outil qui nous permet de changer le regard des habitants sur les déchets. Ici, on ne vient pas pour jeter, mais pour proposer que ça resserve à d’autres. On vient déposer un pot de peinture entamé, quelques mètres carrés de carrelage, des jouets pour enfants… Et on repart gratuitement avec ce qui peut nous servir. Chaque année, en septembre, les étudiants viennent s’équiper en vaisselle dépareillée, en meubles,…” décrit le président.