Devinette : quel est le tout premier espace culturel de France, le plus accessible et le plus proche des lieux d’habitation ? Réponse : les bibliothèques publiques. Il en existe plus de 15 000, réparties sur tout le territoire national. On en trouve de toutes tailles, sur tous types de territoires, qu’il soit rural ou urbain.
À tel point qu’on pourrait les croire immuables. Pourtant, si elles ont bâti, historiquement, leur activité et leur réputation autour du livre et de la lecture, les bibliothèques font face, depuis près de vingt-cinq ans, à de profondes mutations.
« Pendant plusieurs décennies, on était dans un monde d’accès à l’information, aux savoirs et aux loisirs qui était assez stable », explique Lionel Dujol, bibliothécaire et maître de conférences à l’université de Grenoble-Alpes. Le papier régnait en maître et les bibliothèques étaient par essence les lieux de conservation et d’accès aux ouvrages.
Le corps des fonctionnaires territoriaux chargés de piloter les médiathèques ne s’appelle-t-il pas « conservateur »… « Avec l’émergence du numérique, beaucoup de choses ont bougé en seulement un quart de siècle. La population a découvert des alternatives, d’autres possibilités de lire, mais également de voir et d’écouter.
L’immatérialité des services et des supports a poussé les bibliothèques à s’interroger sur la manière dont elles pourraient continuer à apporter du service, mais surtout comment elles pourraient toujours être utiles aux habitants », analyse Lionel Dujol.
L’image positive ne suffit pas
« Aujourd’hui, les bibliothèques ne peuvent plus se définir simplement comme des réservoirs d’informations parce que des acteurs bien plus puissants, les géants du Web, comme Google, Amazon ou Netflix,ont investi ce territoire », pointe Nicolas Beudon, ancien conservateur de bibliothèque et fondateur de l’agence Chemins faisants
À partir de cette période, le nombre d’abonnés n’a cessé de s’éroder. Si les dernières enquêtes...