GUADELOUPE : Les infortunes de l’eau
L’une pourrait être la copie de l’autre dans les Antilles françaises. La Guadeloupe a en commun avec sa soeur martiniquaise d’avoir voué ses terres aux cultures de la banane et de la canne à sucre.
Les terres agricoles dévolues au maraîchage et aux fruitiers sont réduites à la portion congrue, à telle enseigne que l’île est contrainte d’importer chaque 10 000 tonnes de fruits et légumes pour alimenter ses 380 000 habitants. L’économie de comptoir, telle que Colbert l’avait imaginée, est prospère quatre siècles plus tard. À une différence près dans la copie de l’une sur l’autre.
Louis XIV avait envoyé son aristocratie en Martinique – où elle est encore une force dominante – tandis que quelques-uns ont choisi la Guadeloupe pour leur malheur (voir encadré). Le « Blanc-peï » est ici moins dominant qu’en Martinique. L’autre différence tient au problème de l’eau. Entre 1945 et 1990, l’État a financé un vaste programme d’adduction d’une eau captée dans la Basse-Terre (la partie orientale) pour alimenter la Grande-Terre, plus peuplée.
La gestion en est confiée à un syndicat intercommunal qui la délègue à quelques opérateurs privés. Or, depuis 2020, un quart de la population n’a plus qu’un accès aléatoire. En cause, la vétusté du réseau qui entraîne, selon les données de l’Office de l’eau, une déperdition de 61 % de la production d’eau potable, soit près de 50 millions de mètres cubes d’eau par an.
L’État a mis un terme aux activités jugées fantaisistes du syndicat intercommunal et lui a substitué, par la loi, une nouvelle structure dotée de 247 millions d’euros sur quatre ans. C’était sans compter sur l’apparition d’un cercle vicieux : la proportion de factures impayées ayant atteint 43 %, l’État a gelé une partie des subventions et donc freiné de ce fait la remise en ordre du réseau.
Sans compter les dysfonctionnements des stations d’épuration, dont 70 % ne sont pas aux normes, auxquelles il arrive de rejeter des eaux usées en rivière puis en mer. Pour le moins ennuyeux pour un territoire dont la troisième industrie est le tourisme.
UNE HISTOIRE DE GUILLOTINE
Le Cap Est, un lieu-dit sur la côte...