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Installer sur son territoire un dojo financé par la Fédération française de judo

Sébastien Nolesini, directeur général de la Fédération de judo, revient sur la réussite du programme national «1000 dojos» qui permet aux collectivités d’installer des lieux de pratique sportive à moindre coût.
La rédaction
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Publié le 29 juillet 2024

Vous portez l’ambition d’installer 1 000 nouveaux dojos dans toute la France d’ici 2026. Quelle est la genèse de cet ambitieux programme ?

Sébastien Nolesini : Nous avons constaté que dans les quartiers fléchés Politique de la ville, le nombre de pratiquants était bien moindre qu’ailleurs. Au-delà du sujet de la tarification, ce constat est notamment lié à l’absence de lieux de pratique. Construire un dojo demande du temps et de l’argent. Nous avons donc initié un projet visant à transformer en dojo des locaux existants. Cela peut concerner des espaces dans des centres commerciaux, des locaux en pied d’immeubles, des salles municipales ou associatives. Ces sites sont mis à la disposition de la Fédération de judo pour qu’elle les transforme en lieux de pratique. Nous installons notamment des tatamis et des vestiaires. En plus, quand cela est possible, nous développons des espaces dédiés à l’aide aux devoirs ou encore aux usages numériques. Nous nous inscrivons dans une logique de tiers lieu propice à l’animation du territoire, en soutien aux politiques publiques existantes. Les premières expériences ont été menées dans les départements des Hauts-de-Seine et de la Seine-Saint-Denis. Ces initiatives ont été repérées par l’Agence nationale du sport et par le ministère des Sports qui nous ont proposé de nous accompagner dans le cadre d’un programme national, dénommé « 1 000 dojos ».

Combien de temps faut-il pour mettre en place un dojo ?

S. N. : Pour réaliser un dojo, les travaux sont souvent rapides. Mais le temps administratif, lui, est plus long. Il faut ainsi compter entre quatre à huit mois pour réaliser un site. Nous avons des pièces à réunir, des conventions à signer avec des partenaires. Concrètement, nous nous engageons dans la rénovation dès que nous disposons d’un accord tripartite entre le club, la collectivité et la Fédération. Il faut que ces trois acteurs soient réunis pour construire un dojo solidaire. Parfois, nous rencontrons des difficultés dans la mise à disposition d’un enseignant. La Fédération accompagne aussi les acteurs sur ce point en déployant des dispositifs de financement de l’emploi, sur dossier.

Je suis élue et je souhaite me lancer dans l’aventure. Comment faire ?

S. N. : Il faut d’abord contacter la Fédération, ou ses organes déconcentrés (ligue ou comité). Puis identifier des locaux qui pourraient être mis à disposition. Rappelons que l’initiative « 1 000 dojos » est le seul programme national où une fédération sportive vient sur un territoire avec ses partenaires, pour investir. Souvent dans d’autres disciplines, quand un club veut évoluer, les règles fédérales peuvent être contraignantes pour la collectivité. Là, c’est l’inverse. Le projet fédéral est un atout pour les territoires. Les élus n’auront à mobiliser que très peu de moyens financiers pour bénéficier d’un lieu qui animera leur territoire. C’est du jamais vu ! Les élus locaux ne sont parfois pas conscients de ces avantages. Leur seule mission sera de trouver un site propice à l’installation du dojo. Cela peut être des bâtiments publics comme des écoles, ou nous mettre en lien avec des bailleurs. Ce lieu doit pouvoir être mis à la disposition du club pour un minimum de cinq ans. Nous passons une convention de type bail avec la collectivité. Enfin, lorsque la Fédération investit dans des locaux ou qu’elle emploie des enseignants, nous demandons en retour à la ville d’être attentive au club local. C’est du donnant-donnant.

Comment se portent les clubs de judo en France ?

S. N. : La Fédération française de judo compte 5 000 clubs qui représentent 6 000 dojos. Nous sommes le deuxième sport en France en termes de maillage territorial, derrière le foot. Concrètement, il n’y a pas une intercommunalité qui ne dispose pas d’un club de judo sur son territoire. Nous comptons 550 000 pratiquants. Après la difficile période du Covid, nous retrouvons un nombre de licenciés supérieur à celui d’avant mars 2020. Les jeux Olympiques et Paralympiques devraient nous permettre de poursuivre cette croissance et viser les 600 000 licences. Chez les enfants, nous sommes la deuxième fédération sportive en termes d’adhérents. D’ailleurs, 80 % de nos usagers ont moins de 15 ans. Nous sommes identifiés auprès des familles comme étant un sport éducatif doté de valeurs. Le judo, c’est aussi 12 000 professeurs, tous formés. Il faut au minimum dix ans de pratique et un an de formation pour enseigner le judo. Cela garantit une pédagogie de qualité. Côté pratiquants, nous nous démarquons par notre diversité. Tous les milieux sociaux et territoriaux sont représentés. Le judo est aussi un sport paritaire avec 60 % d’hommes pratiquants et 40 % de femmes. Ces dernières sont d’ailleurs plus performantes en équipe de France.

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