L’échange est impressionnant. La balle claque et résonne dans toute la rue de la Bela. Munis d’une raquette en bois, quatre hommes s’affrontent en double dans une partie improvisée et endiablée de pala – l’une des nombreuses déclinaisons de la pelote basque – sur l’un des quatre frontons aménagés sur l’espace public de la commune de Mauléon-Licharre.
Dans ce fief du Pays basque français, situé dans le département des Pyrénées-Atlantiques, la scène est fréquente. Comme elle l’est dans une grande partie du sud-ouest de la France qui compte pas moins de 4 800 frontons, considérés comme des empreintes de la culture locale. Ce sport spectaculaire a traversé les âges. Il fait partie des jeux traditionnels inventoriés, à la demande du ministère de la Culture, par Laurent-Sébastien Fournier, enseignant-chercheur en ethnologie à l’université d’Aix-Marseille.
Des jeux de balles, des jeux de quilles, des jeux d’adresse, des jeux nautiques, des joutes… Au total, plus de 240 jeux, d’une grande diversité, ont été recensés.
« Ce sont des jeux qui existaient avant l’émergence des sports modernes et qui ont continué de vivre ensuite, explique l’ethnologue. Il y a eu, à la fin du XIXe siècle, une institutionnalisation des jeux traditionnels qui ont été codifiés. On les a dotés de corpus de règles, ils sont devenus autonomes et ont donné lieu à des compétitions internationales. Les sports modernes sont donc souvent issus de ces jeux traditionnels, mais quand ils ont trop bien fonctionné, ces jeux traditionnels qui leur avaient donné naissance...