— Vous êtes spécialiste de géopolitique du sport et de la Russie. Qu’est-ce qui vous a conduit à travailler sur l’échelle locale française ?
Lukas Aubin : Il existe un vide de la recherche sur ce sujet. Dans les représentations collectives, la géopolitique du sport renvoie aux conflits entre États et aux enjeux mondiaux. Or, il s’agit en réalité plus d’une succession de microconflits qui se déroulent à une échelle locale. Après avoir travaillé sur le sport en Russie, je me suis tourné vers la France. L’idée : comprendre un système politique grâce au sport. C’est de là qu’est née l’étude. Je l’ai conduite en collaboration avec France urbaine et Territoires d’événements sportifs. Au-delà, il est fascinant de voir que beaucoup d’élus disent ne pas utiliser le sport comme instrument d’influence. Pourtant, dans les faits, c’est bien le cas.
— Vous parlez dans votre livre de la diplomatie sportive des villes ou de « sport power », de quoi s’agit-il ?
L. A. : Les deux notions sont différentes. D’une part, le « sport power » désigne l’ensemble des usages possibles du sport d’un point de vue géopolitique. Il peut s’agir d’un instrument d’influence ou d’attractivité à l’attention de touristes et d’investisseurs. Le sport peut aussi être un instrument de marketing territorial permettant à une ville de se créer une identité sur la durée. Cela peut être grâce à un stade, un événement sportif ou une thématique. Par exemple, les...