Près de six Français sur dix déclarent pratiquer une activité physique régulière ou occasionnelle. Ce chiffre, extrait du dernier baromètre de l’Injep, témoigne de la place du sport dans notre société. Améliorer sa santé mais aussi partager des moments ludiques sont les premières motivations des sportifs.
Une politique publique sportive ambitieuse implique de réfléchir à l’urbanisation de la ville
Pour répondre à ces besoins, les collectivités territoriales sont les premiers financeurs publics du sport derrière l’État, avec 6,6 milliards d’euros consacrés chaque année au secteur. Le bloc local étant en tête avec 6,3 milliards, soit 95 % du total des dépenses publiques locales consacrées au sport. De plus, sur les 330 000 équipements sportifs, « 67 % sont gérés par des communes ou des intercommunalités », selon le site vie-publique.fr.
Point de départ : définir l’identité du territoire
Mais alors, comment bien répartir les crédits locaux à l’heure des économies budgétaires ? Point de départ des municipalités, l’élaboration d’une feuille de route, ou plan sportif local, est une démarche partagée par les élus en charge du sport. Souvent participatifs, ces travaux permettent de réunir usagers, municipalité et associations autour d’un état des lieux concret. La fixation d’objectifs pluriannuels est souvent nécessaire ainsi que la recherche de partenaires financiers. Les collectivités peuvent parfois aussi se faire accompagner d’experts extérieurs dans l’élaboration de ces stratégies. Comme à Reims, où, pour établir un plan de financement s’étalant sur une dizaine d’années, la commune s’est adjoint les services d’un cabinet de conseil.
Pour Vincent Saulnier, secrétaire général de l’association l’ANDES, les stratégies locales sont souvent multiples. « La logique première demeure la nécessité d’investissement dans les infrastructures et l’accompagnement du tissu associatif. Mais la recherche d’une pratique partout et pour tous fait aussi consensus. L’inclusion, la promotion du sport au féminin, le bien-être et le sport sur ordonnance sont autant de sujets de réflexions qui animent les élus en charge du sport ».
Mais dans la recherche d’un juste équilibre, il est parfois complexe de trancher. Illustration avec les débats qui entourent le sport pour tous et le sport de haut niveau. « Le sport de haut niveau et plus loin le sport professionnel s’inscrivent en outre dans une logique économique avancée. Ils sont des facteurs de motivation à la pratique, d’image et de renommée pour un territoire. Le sport pour tous répond quant à lui aux missions d’un élu en charge du sport qui œuvre pour l’intérêt général. C’est dans un équilibre entre les deux sujets qu’une ville se définit active et sportive », affirme Vincent Saulnier.
Associations et équipements : les deux missions des élus en charge du sport
Une fois ces objectifs fixés, l’élu en charge du sport est animé par deux missions principales : l’entretien du lien avec les associations locales et la construction/rénovation d’équipements.
Choix des créneaux, du niveau de subventionnement, des accompagnements des bénévoles, les municipalités sont des soutiens incontournables, alors que le modèle associatif traditionnel est à la recherche d’un nouveau souffle. En cause : la crise des vocations bénévoles doublée de l’émergence des pratiques individuelles. À ce titre, le télétravail ayant boosté les « déclics sportifs », avec en tête du podium la course à pied, il a aussi poussé l’individualisation des pratiques faisant monter une offre financée par le secteur marchand à but lucratif, comme l’explique Jérémie Bastien, maître de conférences en sciences économiques, à l’université de Reims Champagne-Ardenne.
Dans ce cadre, mener une politique publique sportive ambitieuse implique nécessairement d’agir sur l’aménagement de la ville. Ne plus construire d’école sans gymnase pour promouvoir le sport dès le plus jeune âge ou encore favoriser les mobilités douces en implantant des pistes cyclables, construire des agrès sportifs de plein air et des infrastructures utiles aux sports de glisse de plus en plus populaires… sont autant de démarches urbanistiques qui concourent à la pratique des usagers.
Les nécessaires adaptations aux changements climatiques sont un défi pour les élus en charge du sport
Autres complexités auxquelles les élus sont désormais confrontés : les nécessaires adaptations aux changements climatiques. Ainsi l’usage de matériaux écoresponsables ou encore le raccordement à des chauffages de nouvelles générations seront à prendre en compte lors du vote d’investissements. La crise énergétique de 2022 a montré le poids de ces questions dans la gestion d’équipements tels que les piscines parfois contraintes de fermer pour cause de facture énergétique insoutenable.
Le sport comme outil de l’attractivité économique
Au-delà, si le sport concourt d’abord à l’émancipation des populations et à la reconnaissance de valeurs communes, il constitue aussi un creuset économique porteur pour les territoires. L’événementiel sportif n’est ainsi pas oublié des municipalités. Festival de sport, équipement ludique, valorisation de la nature pour la pratique sportive… font grandir l’attractivité d’une ville.
À l’heure des jeux Olympiques et Paralympiques 2024, les élus locaux en charge des sports ont d’ailleurs grandement contribué à la réussite de cette fête nationale et internationale. Reste à savoir quel héritage pourront en tirer les collectivités. Point sur lequel le gouvernement est attendu dès la rentrée de septembre…