Des pluies torrentielles sur les communes du Pas-de-Calais cet hiver, sur un grand nombre de villes allemandes à l’été 2021 ou de villes italiennes au printemps dernier… Les catastrophes climatiques s’abattent sur des villes qui n’y sont pas préparées. Lors des inondations, les mêmes explications reviennent en boucle : on a construit dans des zones inondables, l’artificialisation des sols empêche l’eau de s’infiltrer dans la terre…
De fait, l’urbanisation extrême des villes a imperméabilisé les sols citadins dotés de réseaux de canalisation censés évacuer les eaux de pluie. Pour certains experts, les cités ne sont capables d’absorber que 20 à 30 % de ces dernières, au lieu des 70 à 80 % nécessaires pour ne pas endiguer le cycle naturel de l’eau.
Recréer des espaces naturels
Pour faire face à ces pluies diluviennes, un nouveau concept a vu le jour, celui de « ville éponge » qui inverse la parade habituelle : au lieu d’élever des murs et des digues, il s’agit de favoriser un écosystème de zones humides. L’idée est de recréer des espaces naturels au sein des villes avec des toitures végétalisées, des parcs et jardins, voire des zones humides comme lacs et marais. L’objectif est double : lutter à la fois contre les pluies extrêmes et constituer des réserves d’eau au moment des sécheresses. La Chine, où les inondations atteignent régulièrement des niveaux catastrophiques, s’en est saisie et a mis sur pied un programme national doté de 12 milliards d’euros. Plusieurs villes européennes l’expérimentent, mais en Europe, Berlin est à la pointe.
La ville impose depuis 2018 que toute nouvelle zone construite collecte les eaux de pluie. Les méthodes vont des citernes souterraines, connues depuis l’Antiquité, aux toits végétalisés, aux allées, dalles de gazon et parfois à des projets plus ambitieux.
Absorber les pluies, rafraîchir la ville
Ainsi, à l’emplacement d’une ancienne méga-usine chimique, un vaste ensemble résidentiel a été construit dans le quartier de Grünau au bord de la Dahme qui se jette dans la Spree, la rivière qui traverse Berlin. Au centre d’immeubles de faible hauteur, trois larges bassins ont été creusés sur des profondeurs qui vont de 40 cm à 1,35 m, car ils sont reliés entre eux par des canaux. Ils peuvent contenir 3 millions de litres d’eau, absorbent les pluies et rafraîchissent la température en été.
Il est vrai que Berlin, à la différence des grandes cités européennes, a une densité d’urbanisation faible. Son centre est occupé par le Tiergarten, un immense parc de 210 hectares, et nombre de quartiers sont déjà pourvus en parcs et jardins.