« C’est tellement ancré dans le paysage qu’on ne se souvient même plus comment c’était avant ». Laurent Douchin, cadre supérieur du pôle gériatrie du centre hospitalier d’Abbeville (Somme), est le premier surpris par le succès de son initiative. Depuis mars 2023, l’Ehpad Georges-Dumont, installé dans l’enceinte de l’hôpital, possède un bistrot, ouvert aux résidents, à leurs familles et proches, au personnel de l’établissement et aux visiteurs extérieurs. Impossible de louper le bar, il est installé dans ce qui auparavant était un simple hall d’accueil. Le zinc où s’active une soignante dont l’état de santé ne lui permet plus de prodiguer des soins aux résidents, des guéridons, des chaises et surtout des clients, le lieu ne désemplit pas.
Sortir du carcan hospitalier
Dans cette structure qui compte près de 300 lits, Laurent Douchin souhaitait créer « un lieu qui permette de sortir du carcan hospitalier, qui soit un endroit de rassemblement où les gens peuvent se rencontrer, créer du lien, passer un bon moment ». La création du lieu ne s’est pas faite en un jour. C’est une association, créée pour la circonstance, avec adhésion ouverte à tous, qui gère le bar dont le propriétaire reste, bien sûr, le centre hospitalier. Ici, les boissons sont vendues à prix quasi coûtant (mais sans alcool) et des animations sont régulièrement organisées : vide-greniers, marché de Noël… Les quelques bénéfices réalisés participent au financement d’autres activités, comme des sorties, l’achat de décorations…
Le sourire, vrai bénéfice du bar
La création du bar a été rendue possible grâce d’abord à l’acceptation du Conseil d’administration de l’hôpital, puis par des financements publics de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie et de fonds européens. Après 9 mois de fonctionnement, le bar a réalisé en 2023 un chiffre d’affaires de 18 000 euros, mais ce n’est pas à l’aune des résultats financiers que Laurent Douchin mesure le succès de l’opération. « Ici, tous les résidents peuvent venir. Pour les familles, c’est quand même moins lugubre que de se rencontrer dans une chambre. Il y a beaucoup plus de visites qu’avant. Et puis, tout le monde a le sourire ».