Par Jacqueline VIRUEGA
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« Cela n’a aucun sens ou cela a un sens qui n’est pas celui de nos services publics », s’indigne le collectif « Nos services publics ». Des agents publics de l’État, des hôpitaux et des collectivités, scandalisés par la détérioration de leurs services publics, l’ont créé pour « faire entendre une voix “de l’intérieur” dans le débat public »1. Ils veulent populariser une vision alternative des services publics, moins gestionnaire que celle qui prévaut aujourd’hui. Le rapport sur l’état des services, que le collectif a présenté en septembre 2023 à l’Assemblée nationale, croise « les regards d’une centaine d’agentes et d’agents de terrain, de chercheuses et de chercheurs, de cadres de l’administration, de citoyennes et de citoyens » et retrace les évolutions, au cours des dernières décennies, des services publics de la santé, de l’éducation, des transports, de la justice et de la sécurité. Le document démontre le décalage croissant entre les besoins sociaux et les moyens des services publics. Cet écart « crée de plus en plus d’espace pour une offre privée », notamment d’écoles et de cliniques. Ces services concurrents, plus chers, « se caractérisent […] par une absence d’accueil inconditionnel » contraire à la vocation universelle des services publics destinée à réduire les inégalités sociales. L’essor de ce « secteur privé de niche […] entraîne progressivement la transformation du service public en un service minimum et dégradé ». L’allongement déraisonnable des délais de jugement en est un exemple.