Entretien réalisé par Frédéric DURAND et Vanessa JOLLET— Photos Hugo LEBRUN
— Les maires de France se réunissent en congrès et beaucoup d’attentes s’expriment s’agissant de la situation des élus locaux… Certains évoquent une crise des vocations, d’autres un ras-le-bol lié au sentiment d’être malmenés par les populations, parfois mis en danger physiquement, mais aussi l’impression d’être traités de façon injuste par l’État. Est-ce que vous partagez ce constat et quelles sont les solutions à apporter ?
Dominique Faure : D’abord, il faut une mise en contexte. La montée de la violence dans notre pays est une réalité dans tous les champs de la société. Récemment, à l’occasion d’une question au gouvernement qui m’était adressée, il était question des violences faites aux infirmiers et médecins. Face à cette augmentation de la violence, le gouvernement a décidé de prendre à bras le corps la question, j’ai notamment pu présenter cet été un plan national de lutte contre les violences faites aux élus.
Dans ce contexte, je considère que nos maires sont d’une résilience incroyable, alors même qu’ils sont très fortement exposés à ces violences. Je ne fais pas partie de ceux qui pensent qu’ils vont se décourager. Je les sens au contraire extrêmement endurants et courageux. Cela mérite d’être souligné et salué. On peut cependant craindre qu’il y ait, comme vous le disiez, une crise des vocations. Aujourd’hui, si on voit des maires se décourager ce n’est néanmoins pas dans des proportions bien plus importantes que lors des années précédentes. D’ailleurs, parmi ceux qui démissionnent, on constate que ce sont surtout des élus de 2020 qui découvrent le mandat d’élu local et qui rencontrent des difficultés dans le climat général.
Majoritairement, les maires habitent dans leur commune et aiment leur commune. Ils ont envie d’être maires, ils le deviennent, ils portent un projet… et là, ils se rendent compte de la difficulté de la tâche aujourd’hui, voire des violences auxquelles ils sont exposés. Être maire, ce n’est pas un métier, c’est une mission, voire même une vocation, et ils s’aperçoivent que tout cela engendre une grande complexité.
D’où le travail que le Président de la République nous a demandé de mener sur le statut et la condition de l’élu local, avec en son sein une partie absolument nécessaire sur le cumul des activités professionnelles et du mandat, avec une réalité simple : comment être maire et, en même temps, pouvoir nourrir sa famille ? Parce que, oui, les indemnités de maire aujourd’hui, et beaucoup de maires y tiennent, sont des indemnités qui visent à rétribuer un engagement, mais ce n’est pas une rémunération. Il faut donc une autre activité en dehors ; or l’articulation des missions d’élu local et des exigences d’une vie professionnelle n’est, aujourd’hui, pas toujours aisée.
— Quelles pistes proposez-vous pour améliorer la situation des élus locaux ?
D. F. : Je privilégie deux axes. Le premier : lutter contre les irritants du quotidien. Plus de 100 ont été identifiés grâce à un travail partenarial avec l’AMF, élargi à l’ensemble des associations d’élus locaux.