Alors que le pouvoir semble plus insaisissable au niveau national pour les grands partis historiques de gauche, la nostalgie du socialisme municipal refait surface, comme c’est souvent le cas en période de crise. Cette notion nous renvoie à une époque où, refusant de participer au gouvernement, la SFIO envisageait de changer les choses au niveau local. Elle n’était d’ailleurs pas la première à développer cette stratégie. Les aspirations à davantage de décentralisation des républicains sous le Second Empire peuvent être interprétées dans un sens analogue. Puisque le pouvoir est inaccessible au niveau national, il convient alors de le prendre à la base. Avec des maires républicains menant des politiques républicaines, progressivement, le pays serait acquis à la République. La stratégie du socialisme municipal n’est guère différente : démontrer la vertu et la faisabilité des politiques socialistes en les appliquant au plus près du terrain. Cette stratégie s’avérera très efficace jusqu’en 1936. Elle contribuera également, dans une large mesure, à l’unification des socialistes au sein de la SFIO trente ans plus tôt. En effet, malgré les divergences entre les courants, les bases d’une politique municipale réussie à Lille, Dijon, Montluçon, Limoges, Marseille ou Sète étaient similaires. L’union s’est matérialisée sur des bases réformistes et pragmatiques.