— Ce numéro de notre revue fait son ouverture sur la question des transports publics avant les rencontres nationales qui auront lieu à Clermont-Ferrand le 18 octobre prochain. C’est un thème qui vous est cher et sur lequel vous avez été très active. Au niveau national, quelles sont les transformations que vous préconiseriez ?
Carole Delga : La mobilité est essentielle à mes yeux parce que lorsqu’on parle de mobilité, on parle d’abord de liberté, mais aussi de justice sociale et territoriale. Le constat est là : nous ne pouvons plus continuer sur le modèle de la voiture individuelle partout, tout le temps. Nous devons protéger notre nature et notre environnement. Mais — et c’est le coeur de mon engagement politique — je ne peux me résigner à l’assignation territoriale de mes concitoyens. Donc plutôt que de culpabiliser les Français sur l’usage de la voiture, je veux proposer une alternative fiable et accessible.
Pour cela, la recette est simple, mais elle demande du volontarisme : il faut plus de transports en commun, des transports à l’heure, et moins chers. Pour le train, comme pour les cars, bus, trams et métros, cela nécessite un investissement massif, notamment de la part de l’État, pour rénover les infrastructures, gage de ponctualité, et acquérir le matériel roulant qui permettra d’accueillir plus de voyageurs. Enfin, il faut tendre vers la gratuité des transports en commun. Je le fais sur le train en Occitanie, avec 13 millions de trajets à 1 € par an, ainsi que la gratuité pour les moins de 26 ans.
Mais nous ne pouvons pas y arriver seuls. Nous avons besoin d’un engagement clair de l’État. Pour l’instant, nous n’avons que des annonces sur le ticket à 49 € ou sur les 100 milliards d’euros d’investissement. Nous attendons maintenant des actes.
— Pour autant, dans de nombreuses localités, la voiture restera indispensable pour se déplacer…
C.D. : Oui, là où les transports en commun ne peuvent pas passer, il faut aider les habitants à accéder à des véhicules propres : voitures, covoiturage, transport à la demande qui fonctionne très bien en zone rurale, pédibus pour les enfants… Pour l’automobile, nous faisons face à une révolution industrielle. Sur le plan technologique, il faut baisser le coût des batteries et augmenter leur autonomie. C’est un vrai défi mondial que la France est capable de relever grâce à des savoir-faire reconnus de nos constructeurs et de nos sous-traitants. Il faut retrouver des emplois industriels pour répondre à l’urgence climatique ; c’est un gage de souveraineté et de prospérité pour notre pays.