Le 28 mars, Bourges a été labellisée « Ville amie des aînés ». La distinction dans la catégorie Or a été attribuée à la cité de Jacques Coeur par l’association française de ce réseau mondial à l’initiative de l’OMS visant à faire émerger des politiques locales en faveur des seniors. À Bourges, cette volonté du maire Yann Galut et de son adjointe déléguée à l’action sociale Nadia Nezlioui s’est traduite par l’élaboration d’un plan sur le long terme : l’Agenda 21 de la longévité, qui a pour vocation d’adapter la ville au vieillissement de la population.
UNE APPROCHE PANORAMIQUE
Il faut dire que la population de la ville vieillit plus rapidement que la moyenne nationale. Bourges compte à ce jour près de 20 000 personnes de plus de 60 ans sur 64 000 habitants ; elle en comptera plus de 24 000 en 2040, dont 12 000 auront plus de 75 ans. Or « c’est un âge de la vie à partir duquel commencent souvent à se poser des problèmes de santé, de déplacement, de lien social. La perte d’autonomie survient souvent à partir de 85 ans. Il faut se préparer à ce choc », souligne Nadia Nezlioui. Mais l’équipe municipale ne restreint pas sa réflexion aux problèmes de santé et de dépendance. Elle privilégie une approche à 360° englobant toutes les thématiques intéressant la vie des aînés. Outre la santé, elle prend en compte les questions d’habitat et de logement, d’accès et d’occupation de l’espace public, de déplacements et de mobilité, d’accès à des activités physiques et sportives, à la culture et au numérique.
CONCERTATION DIRECTE
L’élaboration de l’Agenda 21 de la longévité, c’est avant tout une question de démarche et de méthodologie. Elle s’est faite en plusieurs étapes, d’abord avec l’implication des élus et des responsables techniques de la ville. Ils ont été amenés à réfléchir à l’intégration de la thématique senior dans leurs délégations et compétences. Ce travail liminaire, élargi aux corps intermédiaires, aux associations, aux Ehpad du territoire, a permis d’esquisser un projet et de premières propositions. Puis est venu le temps de la concertation directe avec la population concernée à l’échelle de la ville. « Il fallait être sûr de ne rien oublier, pour rajouter des éléments qu’on n’aurait pas vus, et pour intégrer complètement les seniors dans le processus de décision », précise Nadia Nezlioui. Depuis, un comité technique a été constitué, ainsi qu’un comité de pilotage. Six seniors font partie de ce dernier, à parité avec les élus. « Aucune décision n’est prise en dehors des instances auxquelles participent les représentants des seniors », assure la maire adjointe. L’Agenda 21 de la longévité se veut autant un exercice de démocratie participative qu’un projet structurant pour le territoire. Pas un projet d’aménagement, d’équipement, de travaux, d’événement sportif ou culturel ne peut être engagé si la question senior n’a pas été prise en considération en amont. L’agenda s’impose de manière transversale à toutes les équipes.
PLAN BANCS
Lancé en octobre 2022, le plan s’est traduit dès sa première année par plusieurs réalisations, avec par exemple le lancement par le service des sports des « écoles de sports seniors ». Elles leur permettent de découvrir et de pratiquer des activités sportives adaptées, par exemple le foot marche, dans un souci de prévention de certains risques de santé. Un « plan bancs » a été élaboré afin de faciliter les déplacements des personnes âgées dans la ville, qui peuvent ainsi faire plus facilement des haltes lorsqu’elles sortent à pied. Une opération leur permettant de découvrir la vie en résidence autonomie le temps d’une nuit et d’une matinée a été montée. « La ville de Bourges a pour objectif d’accompagner l’adaptation du territoire à la longévité et de permettre aux seniors de prendre toute leur place dans la vie sociale et dans la ville en luttant contre leur isolement », souligne Nadia Nezlioui. À Bourges, l’heure n’est pas au vieillissement, mais au « bien vieillir ».