À Sormery, dans l’Yonne, Le Solimarien constitue l’unique commerce du village. Si les 400 habitants de cette commune rurale éclatée en onze hameaux ont encore à disposition une boulangerie épicerie de proximité, c’est bien par la volonté de leur maire, élu il y a vingt-huit ans, et de son conseil municipal.
« Ici, nous sommes au bout de tout, à la frontière entre l’Aube et l’Yonne, enclavés entre Bourgogne–Franche-Comté et Grand Est, nous devons d’abord compter sur nous-mêmes et prendre nos responsabilités », confie Gérard Delagneau, le premier magistrat. Dans le temps, la commune disposait de quelques commerces avec un bureau de poste, un bistrot, une boucherie, une boulangerie… mais un à un, ils ont disparu. Entre 2000 et 2005, la municipalité a engagé avec l’opération Cœur de Village soutenue par la région Bourgogne une démarche de revitalisation du village. Elle rachète et rénove des « maisons-appartements », comme dit son maire, dont une abrite une ancienne boulangerie. Les logements sont loués, hébergeant des familles avec enfants, ce qui contribue à maintenir ouvertes les deux écoles publiques, maternelle et élémentaire. L’ancienne boulangerie, elle, sera mise en gestion, mais les gérants successifs auront bien du mal à parvenir à l’équilibre.
80 COUVERTS PAR SEMAINE
La viabilité du lieu étant en jeu, le Conseil municipal décide en 2019 de changer son fusil d’épaule. La gestion courante du commerce sera confiée à des prestataires qui recevront une contribution forfaitaire de la commune pour maintenir leur commerce à flot. La gestion financière du local, son entretien, les travaux nécessaires, les investissements sont à la charge de la commune. « Pour réussir ce montage, nous avons été aidés et conseillés par les services de l’État, notamment la perception. Les investissements de près de 100 000 euros ont été pour moitié soutenus par le département et la région », détaille Gérard Delagneau. Aux commandes, Maryvonne et Mohamed apportent sourire et dynamisme. Aujourd’hui, Le Solimarien est parvenu à l’équilibre comptable. On y achète son pain fourni par le boulanger d’un village voisin, de l’épicerie de dépannage, des fruits et légumes, des fromages, de la charcuterie et divers produits locaux (miel, confitures, bières). On y vient aussi pour prendre un café, commander une pizza ou emporter un plat préparé (environ 80 couverts par semaine). Le maire voit dans cette réalisation « un service rendu par la collectivité à la population ». Pas faux quand on sait que les commerces les plus proches se situent à quinze kilomètres.