L’exemple du GIP [Groupement d’intérêt public, NDLR] de Vierzon montre que ce modèle est viable. » Nicolas Sansu, ancien maire de la ville, redevenu député du Cher, se targue du satisfecit que lui décerne la dernière édition du rapport de la Cour des comptes. Le même rapport constate : « En installant un fauteuil dentaire et en indexant la rémunération des praticiens sur leur niveau d’activité, le centre a dégagé des excédents dès sa première année de fonctionnement. » En 2017, la démographie médicale de cette ville de 27 000 habitants s’annonce catastrophique : les fermetures de cabinets se succèdent sans aucune relève. Nicolas Sansu ne voit d’autre solution que la création d’un centre de santé. À une nuance près : « Je me suis toujours opposé aux centres municipaux qui sont des gouffres financiers. Je refuse que les impôts locaux paient ce qui est une obligation d’État », soutient-il. Ce centre, il l’installe en 2018 sur l’emplacement d’un ancien terrain de football. Mais avec le statut particulier d’un GIP, dont il reconnaît avoir tordu les statuts pour les adapter à la structure.
DIX GÉNÉRALISTES ET UN CABINET DENTAIRE
Cinq ans plus tard, ils sont dix généralistes équivalant à cinq emplois à temps plein, un cabinet dentaire, un kinésithérapeute aux deux-tiers temps et un pédiatre à quart-temps. Une équipe dont le mode de rémunération combine une partie de l’acte à un fixe de 1 500 euros pour 35 heures hebdomadaires, le tout payé sur 15 mois. Pour les médecins, le barème est de 40 % des honoraires, le dentiste étant soumis au régime de ses confrères des mutualités, soit 27,5 %. « Ils sont salariés sans être fonctionnaires », souligne Nicolas Sansu. Tant qu’à imaginer des solutions qui tordent les réglementations, Nicolas Sansu a poussé l’exercice un peu plus loin en adossant un second centre de santé à l’hôpital de la ville. Mais cette fois en recourant à des Padhue (praticiens à diplôme hors Union européenne) astreints à deux ans de pratique hospitalière pour valider leur diplôme. « Des professionnels autorisés à soigner, mais auxquels il est interdit de prescrire du paracétamol », s’indigne-t-il. C’est donc l’hôpital qui sera rémunéré à l’acte. Résultat du système mis en place : 5 000 à 7 000 Vierzonnais ont retrouvé un médecin traitant. Et les campagnes de recrutement se poursuivent.