Nous sommes en 2012 — soit le tout début de la vague de création de centres municipaux de santé —, dans cette petite ville de 3 000 habitants. On est dans le schéma classique : un médecin généraliste tombe en dépression, un autre annonce son départ à la retraite. En clair, le désert médical vient d’atteindre la ville. Il y a un an à peine, la ville voisine de La Ferté-Bernard a créé son centre municipal de santé. Rendez-vous est pris avec la Fédération Nationale des Centres de Santé (FNCS). « Au sortir de l’entretien, nous nous sommes dit que c’était ce qu’il nous fallait », résumé Nicole Auger, à l’époque adjointe au maire, aujourd’hui conseillère municipale chargée de la santé et déléguée régionale de la FNCS. Ce qu’il fallait ? Des généralistes, certes, mais en leur adjoignant un cabinet dentaire, ce qui débouche sur un centre polyvalent. Un lieu (un centre de secours réaménagé avec les conseils d’un architecte) fait l’affaire, et le centre est inauguré moins d’un an après.
MUTUALISER, OUI, MAIS COMMENT ?
En 2022, le centre a tourné avec deux généralistes titulaires, deux vacataires et un dentiste. « Nous cherchons désespérément deux généralistes et deux dentistes supplémentaires, mais il semble y avoir une barrière à l’entrée à Connerré », ironise Nicole Auger. Il y a bien les stagiaires, mais ils ne rempilent pas une fois le stage terminé. C’est d’autant moins compréhensible que Connerré, située à une vingtaine de kilomètres du Mans, est loin de relever du désert français. L’initiative prise par Christophe Chaudun, maire à l’époque, et Nicole Auger, son adjointe, a servi dans son exercice un bassin de vie de 8 000 habitants. Elle a soulagé autant de maires confrontés, eux aussi, à la désertification médicale. Leur suggérerait-on de contribuer à l’effort consenti par Connerré ? « Ils tournent la tête, sachant que l’essentiel des doléances exprimées pour des prises de rendez-vous vient de leurs administrés », regrette Nicole Auger. Pour autant, les comptes du centre sont à l’équilibre si l’on fait exception de l’investissement. Il ne reste plus qu’à convaincre des praticiens des vertus de la mise au vert et de la qualité des rillettes dont Connerré revendique le titre de capitale.