L’ambition a été marquée d’entrée de jeu : « Un lieu comme on n’en a jamais vu en France », proclame-t-on dans l’équipe dirigeante. L’idée a germé en 2002 sur un terreau fertile dans une région nantaise où l’économie sociale et solidaire pèse, avec ses 5 000 salariés, 16 % de l’emploi, à mettre en balance avec les 10,3 % à l’échelle nationale.
Deux ans plus tard, les Ecossolies, un réseau d’accompagnement des grandes et petites coopérations, ont éclos avec 600 adhérents, dont 200 entreprises. Le lieu, c’est une friche industrielle de 4 000 m² plantée sur 9 000 m² sur l’île séparant deux bras de la Loire, vestige d’un chantier naval dont les travaux de réaménagement se sont chiffrés en 2010 à un peu plus de cinq millions d’euros. L’ensemble a été cédé avec un bail précaire par la métropole nantaise aux Ecossolies. À charge pour elles de gérer un ensemble livré en 2014 et placé sous l’enseigne des Lieux Communs et de sa filiale, le Solilab.
Aucune subvention de la métropole
Se pose alors la question du statut. Les associations étant par nature interdites d’activité commerciale, le relais a été pris par une SCIC administrée par quatre collèges qui regroupent, outre les fondateurs d’Ecossolies, cinq salariés, vingt-cinq usagers ou prestataires de services et sept partenaires, parmi lesquels trois banques mutuelles ou coopératives. Une structure de gestion au budget annuel de 450 000 euros, sans aucune subvention de la métropole.
Huit ans après, les promoteurs d’Ecossolies ont apporté la démonstration que l’économie sociale et solidaire a dépassé l’utopie dans laquelle elle est trop souvent rangée. Cet espace regroupe sous le même toit un marché paysan hebdomadaire, des locataires de bureaux, un espace collaboratif, une pépinière d’entreprises, du recyclage de matériel électronique ou d’électroménager, du vêtement d’occasion, une salle dédiée aux événements et une cantine. Devenus lieu de vie autant que d’activité, les Lieux Communs sont en passe de transformer l’île en nouveau centre-ville.