C’est un village de la moyenne montagne auvergnate, dans le Puy-de-Dôme, aux confins du Cantal et de la Corrèze, avec la rivière Dordogne pour voisine. Cros, 167 habitants — un nombre inférieur à celui des vaches qui paissent sur les 2 000 hectares de la commune —, s’est éveillée très tôt au développement durable. L’idée de l’installation d’un champ photovoltaïque sur une friche de la commune est née, il a cinq ans et a livré son premier mégawatt à la fin de l’année dernière. Jusque-là, rien que de très classique : l’exploitant — GreenYellow, filiale du groupe Casino — a installé les panneaux raccordés au réseau EDF. Et comme partout ailleurs, il paie à la commune un loyer pour l’occupation des terrains et s’acquitte de l’impôt forfaitaire des entreprises en réseau, soit 7 000 à 8 000 euros pendant trente ans.
Moins courant en revanche, la commune est entrée en négociation avec GreenYellow pour acquérir 40 % du capital de la société d’exploitation et les verser à celui d’une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC). « Cela doit devenir un instrument du citoyen », proclame Alain Lenaud, un cadre supérieur à la retraite, élu municipal, convaincu que la ruralité n’est pas une fatalité contraignant la jeunesse à l’exode. En s’associant aux communes voisines de Bort-les-Orgues et de Saint-Julien-Puy-Lavèze, il a imaginé un parcours des énergies renouvelables qui emmène de la centrale hydroélectrique au parc photovoltaïque en passant par un champ éolien qui draine de 10 000 à 15 000 visiteurs.
Futur maraîchage municipal
Poursuivant sur sa lancée, Cros a décroché un appel à projets départemental pour la construction d’un démonstrateur de serre maraîchère, prélude à ce qui deviendra dans deux ans un maraîchage municipal sous la forme d’une SCIC. Avec l’espoir d’attirer une start-up qui diffusera la production au-delà des limites de la commune. « Plantez un arbre là où il n’y a rien, il attirera les
champignons », résume Alain Lenaud, qui a fait de l’association Histoire, Patrimoine & Territoire d’Avenir qu’il préside le moteur des initiatives. Ce souci de combiner le développement durable et les circuits courts se niche dans les moindres projets. À l’image de l’installation avec La Poste d’une station de vélo à assistance électrique pour se déplacer jusqu’à la ferme voisine où l’on achètera son fromage plutôt qu’au supermarché distant d’une dizaine de kilomètres. Cros s’est lancé dans un enchaînement logique résumé simplement par Alain Lenaud : « La question climatique remet tout en question dans la ruralité. Nous voulons créer une spirale gagnante. »