Confrontées à la flambée des prix de l’énergie, de nombreuses entreprises, dont les activités sont très énergivores, ont décidé de fermer temporairement certains sites ou de les faire tourner au ralenti. Aciéries, producteurs d’aluminium, producteurs d’engrais, verreries, agroalimentaire, distribution, logistique… les secteurs touchés sont multiples. Ainsi la verrerie Duralex, à La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret), a annoncé en novembre qu’elle suspendait son activité jusqu’au mois d’avril — seul moyen, selon les dirigeants, d’économiser 50 % de la facture d’énergie passée de 3 à 13 millions d’euros, et ce malgré une aide de l’État de
800 000 euros et un prêt exceptionnel de 15 millions d’euros. Le coup est dur pour les 250 salariés, au chômage partiel et inquiets pour l’avenir, mais aussi pour la commune de 10 000 habitants, dont les élus se mobilisent depuis des années pour maintenir cette verrerie, créée en 1945, qui fait partie du patrimoine local.
Autre exemple, le groupe Cofigeo (William Saurin, Garbit, Zapetti, Raynal et Roquelaure…) qui, face à la multiplication par dix de ses factures d’énergie (de 4 à 40 millions d’euros), a décidé d’arrêter pour le mois de janvier quatre de ses usines, représentant 80 % de sa production en France et comptant 800 salariés sur 1 200. Soit celles de Capdenac (Aveyron), de Pouilly-sur-Serre (Aisne), de Camaretsur-Aigues (Vaucluse) et de Saint-Thibault-des-Vignes (Seine-et-Marne). Ces fermetures partielles ou temporaires d’entreprises ont forcément un impact négatif sur leurs fournisseurs. Par les baisses de revenus très malvenues en période de forte inflation qu’elles entraînent pour les salariés concernés, elles pèsent aussi sur l’activité des commerces et des artisans des territoires touchés, eux-mêmes fragilisés par la hausse de leurs propres factures d’énergie, multipliées par quatre, voire par dix. Des hausses vertigineuses que les mécanismes mis en place par l’État — bouclier ou amortisseur — sont très loin de compenser, ce d’autant plus qu’elles s’ajoutent souvent à des hausses conséquentes des prix des
matières premières.
La clé sous la porte
Restaurateurs, bouchers, boulangers… nombreux sont ceux qui ne voient pas d’autre solution que de mettre la clé sous la porte. Or pour beaucoup de petits bourgs, de villages, un commerce qui ferme, c’est la vie qui s’en va. En décembre dernier, habitants et élus d’Anzême (575 habitants), dans la Creuse, se sont mobilisés (250 signatures sur une pétition) pour défendre leur boulangerie ouverte depuis dix ans — la seule dans un rayon de 15 kilomètres. « C’est le seul commerce d’Anzême. S’il ferme, qu’est-ce qui va nous rester ? », s’inquiétait un élu municipal, Cyrille Bertrand, auprès de France Bleu Creuse (5 décembre 2022). Quelle sera pour ces artisans et TPE l’efficacité des aides mises en place, des mesures prises dans certaines régions(1) au tarif garanti d’électricité à 280 euros le mégawattheure pour 2023 décrété par le gouvernement ? Beaucoup de professionnels restent sceptiques.