Confrontée à une envolée de sa facture d’électricité (2,7 millions d’euros en 2021, prévision de 10 millions pour 2023), la ville de La Rochelle a décidé d’une série de mesures d’urgence (baisse du chauffage des bâtiments publics, limitations des éclairages publics…) afin de réaliser 5 à 10 % d’économies. Elles ne font que s’ajouter à une démarche de transition énergétique engagée depuis une dizaine d’années (rénovation des bâtiments publics, développement des énergies renouvelables, achat d’électricité verte). La ville, mais aussi l’Agglo (28 communes, 175 000 habitants), ont d’ailleurs été plusieurs fois récompensées par le label Cit’ergie. Le programme La Rochelle Territoire Zéro Carbone, à l’horizon 2040, a été mis en place en 2017. « Le premier objectif est la baisse des émissions de gaz à effet de serre, mais cela nous amène à travailler sur l’énergie, avec pour objectif de diminuer la consommation de 20 % d’ici 2030 et de 50 % d’ici 2050. Il s’agit d’agir sur tous les leviers de politiques publiques : mobilité, rénovation énergétique des bâtiments, économie circulaire, production d’énergie renouvelable, séquestration carbone », explique Gérard Blanchard, vice-président de la communauté d’agglo, pilote du projet.
700 rénovations effectuées
Au-delà des bâtiments publics, ce programme vise à aider tous ceux qui résident sur le territoire, particuliers et entreprises, à faire des économies. À travers la Plateforme Rochelaise de Rénovation Énergétique, la collectivité propose aux propriétaires — et depuis fin janvier aux colocataires — de les accompagner tout au long du processus (audit, évaluation des travaux, mise en contact avec des
artisans ayant signé une charte, analyse financière et orientation vers toutes les aides publiques existantes). En 18 mois, 700 opérations de rénovation ont ainsi été effectuées avec les habitants. L’objectif est d’atteindre un rythme de 2 000 par an d’ici 2027, et de réaliser 45 000 rénovations d’ici 2040. Autre volet phare du programme : développer la production d’énergie en milieu urbain. « Nous souhaitons proposer ainsi aux habitants et aux entreprises une énergie produite localement, dont le prix sera plus stable et moins cher que celle apportée par le
réseau qui subit les fluctuations du marché », précise Gérard Blanchard. Une
boucle énergétique d’autoconsommation collective a ainsi été mise en place dans le quartier bas carbone Atlantech, grâce aux panneaux solaires d’une ombrière de parking (le système est relié à un électrolyseur qui produit de l’hydrogène pour stocker l’électricité non consommée et alimenter des systèmes de transport). En solarisant les toitures, une boucle a également été identifiée sur le port de La Rochelle.
Enercoop et la dure réalité du marché
Enercoop était une sorte d’OVNI dans la jungle engendrée par la libéralisation du marché. La coopérative se voulait un fournisseur d’électricité 100 % renouvelable et revendiquait son opposition au nucléaire. Elle avait ainsi séduit quelque 100 000 clients, dont 200 collectivités locales engagées dans la transition écologique, telle La Rochelle. Confrontée à la flambée des prix, Enercoop a pourtant dû se résoudre à recourir temporairement au nucléaire.
Car même si, pour l’essentiel, elle s’approvisionne directement auprès de petits producteurs basés en France, ces contrats restent corrélés aux prix de marché. À compter de janvier 2023 et pour trois ans, elle aura donc recours à « l’accès régulé à l’électricité nucléaire historique » (ARENH), qui permet aux fournisseurs alternatifs d’acheter à bas prix de l’électricité produite par les centrales nucléaires d’EDF.