Depuis dix ans, cette petite bourgade de la Creuse a fait le pari de s’affranchir des énergies fossiles. Sa consommation annuelle de fuel est passée de
18 000 à 2 000 litres. Aujourd’hui, parmi les bâtiments et équipements publics,
seuls les vestiaires et les douches du stade de foot sont encore chauffés au fuel. Pour le reste, Bénéventl’Abbaye dispose d’une chaufferie au bois — pour l’Ehpad, le gymnase et la salle polyvalente — alimentée avec les déchets d’une entreprise de la commune, la société Joël Richard, spécialisée notamment dans les bardeaux fendus en châtaignier, utilisés pour la restauration des monuments
historiques. Une deuxième chaufferie à bois, à pellets (granulés), celle-ci, est destinée à la mairie et quelques logements municipaux. Enfin une troisième, géothermique, reliée à huit forages de 200 mètres de profondeur, permet de chauffer les écoles et la Maison des Patrimoines — une aile restaurée de
l’ancienne abbaye devenue pépinière d’artistes et d’artisans, mais aussi salle d’exposition.
Importants pour une petite commune, les investissements se sont étalés dans le temps et ont pu être allégés grâce aux aides et subventions : 600 000 euros pour la première chaufferie bois (33 % de subventions), 320 000 euros pour la géothermie (80 % de subventions), 160 000 euros pour la chaufferie bois à pellets (80 % de subventions). « Nous consommons encore de l’électricité, il en faut pour la géothermie et la pompe à chaleur qui chauffe le cabinet médical », explique André Mavigner, maire de Bénévent-l’Abbaye. « Mais nous avons réduit notre facture, grâce aussi à la conversion aux LED de la quasi-totalité de l’éclairage public. » En 2022, la facture d’électricité s’est chiffrée à 25 000 euros. La commune passe par un groupement d’achats — via le Syndicat départemental des énergies de la Creuse — et bénéficiait d’un tarif inférieur au tarif réglementé.
Pour la suite, c’est encore le flou. « Bien sûr, grâce aux efforts accomplis, nous partons de plus bas. Mais à ce jour [le 30/12/2022, NDLR], nous ne connaissons pas encore les hausses de tarifs que nous allons subir en 2023 ni l’effet qu’aura pour nous l’amortisseur mis en place par le gouvernement », poursuit André Mavigner. Une première estimation faisait état d’une hausse de 25 % de la facture pour l’éclairage public (qu’il faudrait compenser par une extinction plus longue) et de 65 % pour la consommation des bâtiments. Mais l’inquiétude concerne surtout la société Joël Richard, confrontée à une possible hausse de 438 % de ses tarifs d’électricité…