Les promoteurs du sport-santé sur ordonnance fêteront les 10 ans de cette pratique en octobre prochain¹ à Strasbourg. Près de 850 Strasbourgeois bénéficient cette année de cours de sport adaptés à leur pathologie et/ou condition physique, afin d’améliorer leur état de santé et de diminuer leurs médicaments.
Strasbourg a été pionnier et reste leader dans le domaine, au point qu’Alexandre Feltz, adjoint à la maire en charge de la santé, est parfois sollicité par des petites et moyennes municipalités pour de l’accompagnement à la mise en place du dispositif. “C’est plus simple à démarrer qu’en 2012 [date du lancement strasbourgeois, NDRL]. Tout ce qu’il faut, c’est de la volonté politique, un bon réseau de professionnels de santé notamment de médecins généralistes, des gymnases ou autres lieux où pratiquer, et aller chercher des fonds”, résume Alexandre Feltz, lui-même médecin.
Un entrainement par semaine éloigne le médecin
Dans le cas strasbourgeois, 8 éducateurs sportifs sont employés par la Ville pour orienter les malades vers les cours les plus adaptés, et pour animer des séances, gratuites la première année, à prix réduit les deux années suivantes.
Le dispositif coûte 1,6 million d’euros, dont près de la moitié à la charge de la Ville². Pas de quoi freiner les élus qui, d’année en année, étendent le sport-santé sur ordonnance à d’autres publics.
Alors qu’il était au départ réservé aux affections de longue durée et maladies chroniques, il est désormais ouvert aux enfants en surpoids, aux séniors risquant des chutes, aux personnes souffrant de maladies mentales, et depuis quelques semaines, aux femmes enceintes, notamment pour réduire le diabète gestationnel.
“Tous ces publics réunis, ce sont 30 à 40 % des habitants d’un territoire qui pourraient potentiellement bénéficier du sport-santé et mieux vivre. Les besoins ont explosé avec le Covid, surtout l’obésité infantile qui a doublé. C’est une urgence nationale !”, s’exclame Alexandre Feltz, auteur en 2020 de Sport santé sur ordonnance – manifeste pour le mouvement.
Un dispositif de plus en plus connu, mais des remboursements hétérogènes
Il plaide pour une meilleure reconnaissance nationale et une harmonisation du remboursement, puisque “le niveau de preuve de l’efficacité sur la santé est supérieur à celui de bien des médicaments”. À Strasbourg, il espère que la réduction du délai d’inscription et des inclusions collectives permettront d’augmenter le nombre de participants.
Dans l’Hexagone, de nombreuses municipalités promeuvent le sport-santé sur ordonnance (comme Biarritz côte basque, ou encore Ville-d’Avray), à des degrés d’implication divers. Une soixantaine se réunissent tous les six mois pour travailler en réseau sur ces questions. 436 collectivités ont mis en place une Maison du sport-santé (lieu d’information sous la forme physique ou parfois juste d’un numéro de téléphone).
1 : Prochaines assises du sport-santé, le 10 octobre 2022 (infos, inscriptions).
2 : A Strasbourg le dispositif est financé à 45 % par la Ville, 25 % par l’ARS, 10% par la Collectivité européenne d’Alsace, 6 % par le Régime local d’assurance maladie Alsace-Moselle, 3 % par l’Eurométropole, et 11 % par les autres membres du Groupement d’intérêt public (hôpitaux universitaires de Strasbourg, Ugecam, associations sportives et de malades…).