— En quoi le métier de directeur de cabinet a-t-il évolué sur les deux dernières décennies ?
Lina Jali : Le métier de directeur de cabinet a beaucoup évolué. Il est passé d’une fonction historiquement « militante » à un métier politique. Il s’est professionnalisé. Les collaborateurs se forment, apportent davantage d’expertises sur le fond et ont du répondant pour intervenir sur des sujets de fond. Il s’est aussi féminisé. À l’image de la société, et bien qu’il reste encore beaucoup à faire, les femmes ont pris une place plus importante dans les postes de direction. Enfin, il s’est diversifié. Les formations de ces collaborateurs sont nombreuses. Il y a autant de directeurs de cabinet que de manière d’exercer cette fonction.
— Plus généralement, s’agissant des collaborateurs d’élus dans les cabinets, quelles sont leurs principales difficultés ?
LJ : Les difficultés sont multiples : l’adaptation au temps de l’administration qui n’est pas toujours celui du politique, la gestion de l’humain et des équipes d’élus souvent très riches mais aussi aux profils très divers, la zone mixte et l’équilibre à trouver avec la direction générale des services de la collectivité, et enfin un statut qui reste précaire et peu reconnu. Mais cela reste un métier de terrain passionnant, qui permet d’être polyvalent et de travailler sur des sujets très variés, très concrets.
— Vous êtes souvent à la manœuvre sur les projets. Considérez-vous qu’il est facile d’innover ? Quels sont les principaux obstacles ?
LJ : Facile, je ne sais pas, mais nécessaire, oui. Il faut pouvoir innover, pour se renouveler en permanence, en gardant pour boussoles le programme d’engagements du maire de la commune ou du président d’agglomération, et la garantie d’un service public de qualité pour les habitants. Innover n’est pas simple, car il faut pouvoir mettre en œuvre les engagements de l’exécutif, et ils sont parfois nombreux. Ils doivent être chiffrés et précisés dans le temps. Les engagements se heurtent parfois à des contraintes financières et budgétaires. Dans beaucoup de villes, la traditionnelle réunion publique grand format de bilan de mandat s’est aussi transformée en des temps de rencontres plus réguliers avec les habitants, y compris sur des actions hors les murs, ou les élus vont directement dans les quartiers. Les démarches de démocratie participative aident aussi à porter et à mettre en œuvre des actions assez innovantes.